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Refondation de l'école : ce qui gêne les enseignants

Le ministre de l'Education Vincent Peillon doit présenter mercredi en Conseil des ministres, le projet de loi sur la refondation de l'école.

Le ministre de l'Education Vincent Peillon doit présenter mercredi en Conseil des ministres, le projet de loi sur la refondation de l'école. - -

Alors que les enseignants parisiens manifestent mardi contre la réforme des rythmes scolaires, Vincent Peillon présente mercredi en Conseil des ministres le projet de loi sur la refondation de l'école. BFMTV.com revient sur les grands axes du projet de loi et ses points d'achoppement.

C'est dans un climat hostile que Vincent Peillon s'apprête mercredi à présenter le projet de loi sur la refondation de l'école en Conseil des ministres. Mardi, les enseignants parisiens du primaire se sont massivement mobilisés contre le retour de la semaine de 4,5 jours et la réorganisation des rythmes scolaires. C'est le premier bras de fer entre le gouvernement et les enseignants, autour d'une réforme chère à François Hollande, et portée par le ministre de l'Education.

Voici, point par point, les éléments de la réforme qui coincent et pourquoi.

• Les rythmes scolaires

La réforme des rythmes scolaires ne figure pas dans le projet de refondation de l'école, mais fait l'objet d'un projet de décret qui propose de revenir à neuf demi-journées de classe, avec une matinée supplémentaire le mercredi ou le samedi, comme c'était le cas avant 2008, afin d'"améliorer l'efficacité des apprentissages" et de développer les activités pédagogiques complémentaires".

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> Pourquoi ça coince ?

Si enseignants comme parents s'accordent à trouver trop chargée la semaine des élèves d'école élémentaire, la réforme est jugée "précipitée" et mal adaptée par les syndicats. En cause par exemple, la pause méridienne, allongée à Paris de 45 minutes (ou une heure), qui nécessiterait, des moyens importants pour financer des locaux et former des animateurs. En province, où la journée d'école s'arrêterait à 15h45, les communes s'inquiètent également du financement des activités périscolaires. Le fond créé pour accompagner la réforme est jugé insuffisant pour assurer un périscolaire de qualité.

• Le socle commun des connaissances

Le socle commun des connaissances, c'est ce qu'un élève est censé avoir acquis à l'issue de sa scolarité. La réforme du socle commun des connaissances comporte sept points (maîtrise du français, d’une langue étrangère, des principaux éléments de mathématiques et sciences, des nouvelles technologies, culture humaniste et compétences sociales et civiques, autonomie). Un Conseil supérieur des programmes doit être créé à cette occasion, puisque la redéfinition du socle des connaissances implique de modifier l'ensemble des programmes.

> Pourquoi ça coince ?

L'existence même d'un socle commun provoque, selon Frédérique Rolet porte-parole du SNES (Syndicat national des enseignants), des disparités entre les établissements, certains se contentant du socle minimum, d'autres poussant plus les élèves à acquérir des connaissances. Autre reproche : le socle est dissocié des programmes. "Pourquoi mettre autant la priorité sur le socle commun, sans s'attaquer en même temps aux programmes ?" s'interroge ainsi Céline, professeur des écoles à Rennes et membre du "collectif des dindons", qui regroupe des enseignants et des parents et dont le leitmotiv est "Non à la refondation de l'école sans l'avis des professeurs".

• Le numérique à l'école

Il s'agit de développer l'enseignement numérique à l'école, en développant les "ressources pédagogiques numériques accessibles à tous".

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> Pourquoi ça coince ?

S'il est prévu de former les jeunes enseignants au numérique, dans les écoles du professorat et de l'éducation, reste le problème de tous les professeurs qui sont déjà sur le terrain. "Cela ne s'improvise pas" souligne Frédérique Rolet. Céline raconte, elle, le manque de moyens. "Avoir une connexion Internet dans les écoles, parfois c'est compliqué", explique-t-elle tout en soulignant le décalage entre la réalité du terrain et la volonté d'un "grand plan numérique".

• L'orientation scolaire

La réforme prévoit d'améliorer l'orientation et la formation professionnelle afin de favoriser l'insertion professionnelle des élèves à l'issue de la scolarité.

> Pourquoi ça coince ?

Pour Frédérique Rolet, le projet de loi sur la refondation de l'école contient "peu de choses" sur l'orientation et consiste essentiellement à proposer des offres d'emplois par secteurs et par région, ce qui ne correspond pas à la réalité. Le travail des conseillers d'orientation étant, selon le Snes, plus un travail de construction de projet que d'information.

• La formation des enseignants

Le projet de loi préconise de rétablir la formation initiale des enseignants. Le précédent gouvernement avait supprimé les IUFM, causant, selon le ministère de l'Education "beaucoup de désarroi chez les jeunes professeurs, qui se sont retrouvés devant une classe sans avoir préalablement acquis une compétence pédagogique". Vincent Peillon propose donc de créer des ESPE, Ecoles supérieures du professorat et de l'Education, dans les universités.

> Pourquoi ça coince ?

Le retour d'une formation des enseignants au sein des universités est perçu comme une bonne chose. La porte-parole du SNES regrette seulement "qu'aucune disposition n'ait été prise pour pallier la crise du recrutement, et que la formation soit réduite d'une année". Le projet du ministère place les concours de recrutement à l'issue de la première année de master (bac +4), le deuxième année de master étant consacrée à un stage durant l'année. Les futurs enseignants cumulent ainsi des cours, un demi-service d'enseignement et un mémoire de master.

• Les oublis

Quand on évoque le projet de refondation de l'école de Vincent Peillon avec des enseignants, les premières critiques portent sur ce qui manque. "Ce qui pose problème, c'est tout ce qui est absent de la loi" constate ainsi Frédérique Rolet, qui regrette par exemple que ne soient pas repensés les contenus au collège.

Ce qui émerge aussi, c'est le sentiment d'avoir été un peu exclus du processus de concertation, lancé en juillet 2012 par le ministre. Et puis les enseignants sur le terrain disent souffrir d'un manque d'information, comme le souligne Céline. Pour elle, "les priorités comme les effectifs dans les classes, ne sont pas traitées".

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