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Quand l'académie de Bordeaux propose aux élèves de 3e d'écrire un discours nazi

(image d'illustration)

(image d'illustration) - Fred Dufour - AFP

Ecrire un discours de propagande nazie pour "galvaniser les troupes au front", avec comme outil, un extrait de Mein Kampf. Voici l'exercice qui était proposé aux enseignants d'histoire-géographie pour leurs élèves de 3e. Après un tollé, le sujet a été retiré du site de l'académie de Bordeaux.

Le sujet était en ligne depuis deux ans. Le rectorat de l'académie de Bordeaux a supprimé ce vendredi de son site internet un exercice mis à la disposition des professeurs d'histoire-géographie de 3e sur la Seconde guerre mondiale. Le sujet était pour le moins étonnant: il proposait aux élèves d'écrire un discours pour le ministre de la propagande nazie, Joseph Goebbels.

Insister "sur les enjeux idéologiques pour l'Allemagne"

L'exercice, disponible depuis 2014 sur une page consacrée à un partage de ressources pédagogiques entre enseignants, était consacré à la bataille de Stalingrad en 1942. Les élèves étaient invités à se mettre dans la peau d'un envoyé spécial du journal de l'Armée rouge soviétique et de rédiger un article, puis dans celle d'un employé du Reich chargé par le ministre de la propagande nazie, Joseph Goebbels, et d'écrire un discours.

Pour cette deuxième partie de l'exercice, la consigne était:

"Le Führer, en colère, vient de commander à Joseph Goebbels un discours à faire entendre aux troupes, sur le front, afin de les galvaniser. Le ministre de la propagande vous demande d'élaborer ce discours en insistant sur les enjeux idéologiques et territoriaux de cette bataille pour l'Allemagne national-socialiste."

Un extrait de Mein Kampf

Un extrait antisémite de Mein Kampf était également fourni: "Si le Juif, grâce à sa religion marxiste, arrive à vaincre les autres peuples de ce monde, sa couronne sera la couronne funéraire de l'humanité et la planète évoluera dans l'univers, comme elle le fit il y a des millions d'années, sans êtres humains."

Jeudi, la polémique a enflammé les réseaux sociaux. Ecrivains, syndicalistes, inspecteurs de l'Education nationale mais aussi enseignants se sont élevés contre une telle initiative et ont vivement interpellé l'académie de Bordeaux.

"La deuxième partie de l'exercice était maladroite"

Après le tollé provoqué par cette initiative, l'académie a retiré le sujet et réagi. "Nous avons fait retirer l'exercice du site internet car la formulation de la deuxième partie de l'exercice était maladroite", a reconnu l'inspecteur d'académie Michel Roques. Dans ce type d'apprentissage, "les élèves ne sont pas livrés à eux-mêmes, chaque partie développe un point de vue et la confrontation se fait sous l'autorité de l'enseignant", a-t-il insisté, soulignant que le professeur à l'origine de cette mise en situation avait déjà rempli des "fonctions de formation" et était "au-dessus de tout soupçon".

Une défense qui n'a pas convaincu.

Le Snes, un syndicat d'enseignants du second degré, a rappelé que ce n'était pas la première fois qu'une académie dérapait.

En octobre 2015, celle de Clermont-Ferrand avait mis en ligne - dans sa rubrique formation pour l'enseignement moral et civique - un jeu de rôle sur le thème de la Défense. Il proposait de "diviser la classe en cinq groupes. Expliquer à chaque groupe qu'il constitue un ennemi impitoyable de la France et qu'il doit mener une attaque contre cette dernière en 2015. Question: comment allez-vous procéder?" Le sujet rappelait tous les avantages du véhicule blindé de combat d'infanterie, "doté d'une grande puissance de feu", "bien accepté par les populations locales" et "moins cher à l'achat, à l'entretien, et consomme moins". Plutôt maladroit.

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV