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Profs : le métier suscite moins de vocations

Malgré une exceptionnelle campagne de recrutement, l'Education nationale n'arrivera pas à embaucher suffisamment d'enseignants cette année.

Malgré une exceptionnelle campagne de recrutement, l'Education nationale n'arrivera pas à embaucher suffisamment d'enseignants cette année. - -

Le métier d'enseignant n'attire plus. L’Éducation nationale doit faire face à un manque de candidats alors que plusieurs dizaines de milliers de postes doivent être pourvus. Les étudiants interrogés par RMC mettent en avant l'incivilité des élèves et des salaires trop faibles.

C’est une des promesses de François Hollande : recruter 60 000 enseignants d’ici la fin du quinquennat. Sauf que le métier a de plus en plus de mal à susciter des vocations. Tous les postes mis au recrutement cette année ne seront pas pourvus. Et ce malgré l'exceptionnelle campagne de recrutement débutée le 15 janvier dernier et dont les inscriptions sont clôturées ce mercredi. Ce concours visant plus de 21 300 recrutements (et qui aura lieu en juin) est venu s'ajouter au concours traditionnel, qui en prévoit 22 100. Il est ouvert aux étudiants de master 1 (bac+4), contrairement au concours classique accessible aux titulaires d'un master 2 (bac+5). Un moyen d'étendre le vivier de candidats, à l'heure où le métier connaît une crise du recrutement.

« Il y a beaucoup de manque de respect, des insultes »

Les matières qui souffrent le plus de la pénurie sont les mathématiques, les lettres et la musique. Pour comprendre ce désintérêt, il suffit de se rendre à l'université parisienne de La Sorbonne, où l'on étudie notamment les lettres. Difficile de trouver des candidats au métier d'enseignant. « C’est rare effectivement », reconnaît sur RMC Leslie, étudiante en lettres de 21 ans. « Personne ne veut être prof en collège ou lycée. Moi, ça me fait peur ce rapport qu'on peut avoir avec les élèves. On est confronté à beaucoup de jeunes. Il y a beaucoup de manque de respect, des insultes », dit-elle. La peur de se retrouver devant des élèves vus comme violents et agressifs est un premier frein. L’autre, c’est le salaire : un jeune professeur gagne 1 600 euros nets en début de carrière. C’est peu après un bac+5.
Heureusement subsiste des passionnés, comme Justine : « J'ai vraiment envie d'être prof. Je n'ai jamais eu envie de faire autre chose. C'est peut-être naïf de ma part, mais malgré les difficultés, je me dis qu'avec de la volonté on y arrive. Bon, je changerais peut-être d'avis dans quelques années », rigole-t-elle.

Appel à des CDD pour combler les manques

Le ministère de l’Education ne s’en cache pas, après ce concours en juin, il n'y aura probablement pas assez admis pour les postes de professeur de mathématiques, de lettres et de musique. Déjà l’an dernier, en lettres classique, sur les 170 places offertes, 75 ont trouvé preneur. En maths, un tiers des postes seulement a été pourvu et il a manqué 298 lauréats.
Pas question pour autant de laisser ces postes vacants. A la rentrée prochaine, lorsque les concours n'auront pas permis de trouver un prof de mathématique dans un collège, par exemple, on fera appel à un contractuel pour quelques mois, le temps de trouver un autre candidat dans un autre concours.

Philippe Gril avec Céline Martelet