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Pourquoi le redoublement à l'école divise?

Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, souhaite autoriser à nouveau le redoublement. Olivier Truchot a réuni, ce jeudi sur BFMTV, la présidente du Conseil national d'évaluation du système scolaire et le vice-président Syndicat national des lycées et collèges qui ont des avis divisés sur ce dispositif.

Le redoublement à l'école a ses partisans et ses détracteurs. Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer souhaite "autoriser à nouveau le redoublement" dès l'année scolaire 2017-2018, jugeant "absurde" son interdiction. Najat-Vallaud Belkacem qui occupait le poste avant lui, jugeait le redoublement inefficace et coûteux. En 2014, elle avait pris un décret qui affirmait le caractère exceptionnel du redoublement. Sur BFMTV ce jeudi, Albert-Jean Mougin, vice-président Syndicat national des lycées et collèges (SNALC-FGAF), qui est pour et Nathalie Mons, présidente du Conseil national d'évaluation du système scolaire, qui est contre. Quels sont les arguments avancés par chacun?

> Favorable

Albert-Jean Mougin applaudit le retour du redoublement même s'il souligne d'emblée "son caractère exceptionnel, dans des cas de nécessités". Selon lui, "ce qui est le plus grave c'est qu'un certain nombre d'enfants traversent le système éducatif et ne profitent pas à chaque étape de leur vie d'un savoir construit.

Il faut repenser le rapport à l'école par l'acquisition de savoir précis. Et quand, ils n'ont pas pu être acquis à un certain moment, il faut donner à l'élève la possibilité de repasser cet échelon de son évolution. C'est un bon outil à partir du moment où on sait bien l'utiliser. Il y a des systèmes alternatifs qui peuvent aussi être proposés.

L'important est de se concentrer sur les premières années d'apprentissage. Son syndicat propose l'idée d'une classe préparatoire sur deux années quand cela est nécessaire. Le redoublement qui exclurait l'élève et qui le stigmatiserait n'est pas une pratique positive. Il faut se laisser le choix. Il y a des parents qui se battent pour obtenir une deuxième chance".

Enfin, si le coût d'un redoublement est souvent soulevé, Albert-Jean Mougin "estime qu'en réalité les cohortes d'enfants qui arrivent sans un niveau scolaire suffisant ont aussi un coût, arrivés à leur vie d'adulte".

> Défavorable

Pour Nathalie Mons, "il faut sortir d'un débat avec un camp pour et un camp contre. En France et à l'international, les recherches montrent depuis deux décennies que le redoublement n'a pas d'effet positif sur les apprentissages des élèves. La première année l'enfant arrive à surnager et une amélioration est visible au début.

Mais lorsque qu'on regarde sa trajectoire sur plusieurs années, un enfant qui a redoublé va progresser moins vite qu'un enfant qui n'a pas redoublé, même si les deux avaient le même niveau scolaire. Avec 38% des élèves qui ont déjà redoublé, la France fait partie du top palmarès des pays de l'OCDE où les enfants reprennent une année.

Il reste encore quelques pays latins comme l'Espagne ou le Portugal où on redouble plus. Un bon nombre de pays n'utilisent pas le redoublement comme en Asie ou en Finlande. Ces pays sont en tête des enquêtes internationales sur les acquis des élèves. Ils n'utilisent pas le redoublement et les élèves y apprennent mieux. Dans ces pays, on est sur une logique de prévention de la difficulté scolaire. En France, on est resté sur une logique de remédiation. Comme les professeurs enseignent à un groupe classe, certains élèves vont perdre pied".

Albert-Jean Mougin rappelle toutefois que dans les pays qui obtiennent de bons résultats sans utiliser le redoublement, "Il y a une homogénéité des classes dans leur constitution qui conduisent à des pédagogies qui sont adaptées à des élèves qui peuvent les recevoir".

Elise Maillard avec Olivier Truchot