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Mort d'un principal à Lisieux: comment est assurée la sécurité des établissements scolaires?

Une voiture de police devant le collège Pierre-Simon de Laplace dont le principal a été retrouvé mort dans des conditions suspectes, le 12 août 2023 à Lisieux dans le Calvados

Une voiture de police devant le collège Pierre-Simon de Laplace dont le principal a été retrouvé mort dans des conditions suspectes, le 12 août 2023 à Lisieux dans le Calvados - LOU BENOIST / AFP

Des plans de sécurité, adaptés aux différents types de menaces (attaque armée, catastrophe naturelle...) et à appliquer sur le temps scolaire, sont élaborés pour chaque établissement.

Le principal du collège Pierre Simon de Laplace à Lisieux a été retrouvé mort au sein de son établissement vendredi dernier. Alors qu'il prenait la route des vacances avec sa famille à l'aube, Stéphane Vitel a été notifié du déclenchement de l'alarme anti-intrusion et s'est rendu sur place. Il a été retrouvé inanimé au sol par sa famille.

"Ce drame pose des questions sur notre rôle en tant que chef d'établissement. Il faut savoir que nous sommes responsables de la sécurité des biens et des personnes dans les établissements scolaires", affirme Joël Delhopital, secrétaire académique du syndicat des Personnels de Direction de l'Education Nationale (SNPDEN) en Normandie, auprès de France Bleu Normandie.

Des alarmes à l'initiative des collectivités

Les chefs d'établissement d'enseignement secondaire, souvent domiciliés dans les locaux, ont le réflexe lorsqu'une alarme sonne hors du temps scolaire de se rendre eux-mêmes sur place, sans appeler les forces de l'ordre en amont.

"Nous avons tous rejoint notre établissement une nuit parce qu'une alarme sonnait", explique Cyril Hostater, proviseur de l'Académie de Versailles au micro de BFMTV. Il faut qu'on prenne l'habitude de ne plus intervenir dans ces moments-là. Il faut appeler les forces de l'ordre et les attendre, il faut qu'on s'astreigne à ce processus."

"Il nous est dit de ne pas nous mettre en danger mais qu'est-ce que se mettre en danger?", ajoute-t-il tout en déplorant que "la majorité des établissements n'ont pas les moyens de se payer un gardien".

Pourtant, selon la préfecture de police de Paris, il faut d'abord que " les personnes physiques ou morales exerçant des activités de surveillance à distance des biens meubles ou immeubles" procèdent à "une levée de doute" avant de contacter les forces de l'ordre. Cette levée de doute peut se faire par téléphone, par le biais d'une caméra de vidéo-surveillance, d'un interphone ou par une intervention sur site, précise le site de la préfecture.

Les écoles maternelles et primaires gérées par les communes

À l'inverse des collèges et lycées, les écoles primaires relèvent de la responsabilité des mairies. "Hors temps scolaire, c'est la mairie qui est alertée, et non pas le directeur", dont le statut diffère de celui du chef d'établissement, souligne Marie, enseignante en Ille-et-Vilaine auprès de BFMTV.com.

Concernant le système d'alarme, tous les locaux n'en sont pas forcément munis. "Son financement relève de la responsabilité de la collectivité territoriale propriétaire de l'établissement", expliquait en 2020, Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l'Education nationale et de la jeunesse.

Des plans internes de sûreté dans chaque établissement

En temps scolaire, la donne change, que ce soit dans les écoles ou les établissements secondaires. Un plan particulier de mise en sûreté (PPMS), un plan d'organisation interne, est prévu en cas de risques, que ce soit un incendie, une inondation, un nuage toxique ou une attaque armée...

Ce dispositif, créé en 2002 mais largement remodelé après les attentats de 2015, définit un plan propre à chaque établissement, déclenché par le directeur ou le principal. Le PPMS "prévoit un certain nombre de dispositions simples pour assurer la mise en sûreté des occupants (confinement ou évacuation) et l’autonomie de l’établissement scolaire en attendant l’arrivée des secours", explique un document pédagogique du gouvernement.

Il doit préciser la conduite à tenir, adaptée à la nature du risque, mais également présenté un "répertoire de crise" contenant les numéros des secours et les personnes à contacter au sein de l'établissement ou encore l'emplacement des mallettes de première urgence. En interne, chaque membre du personnel peut être affilié à une tâche spécifique ou à une zone.

Depuis 2004, des "référents sécurité" de la police ou de la gendarmerie sont également censés assurer la continuité de la sécurisation des établissements et être les interlocuteurs privilégiés des directeurs d'école et des chefs du secondaire.

Ce PPMS, renouvelé tous les ans, est bâti collégialement. Dans les écoles, la direction des services départementaux de l'Éducation nationale (DSDEN) l'élabore en échangeant avec la municipalité, la gendarmerie et le directeur d’école. Dans les collèges et les lycées, c'est le chef d'établissement qui est chargé de le mettre au point en s'appuyant sur les risques identifiés par le DSDEN.

Les familles doivent aussi être informées des dispositifs pour savoir comment réagir à distance.

Des exercices grandeur nature

Les plans de sécurité sont ensuite testés sur le terrain. Au moins trois exercices de sécurité, dont un exercice "attentat-intrusion" doivent être réalisés par an.

"On fait souvent deux simulations incendie, une en cas d'intoxication et une en cas d'intrusion, détaille l'enseignante de maternelle dans une école rurale. Avant le dispositif Vigipirate, on ne faisait que les incendies".

Même si ces dispositifs sont amenés à changer régulièrement, l'institutrice raconte que les alertes prennent différentes formes dans son établissement, une fois la menace détectée.

"En cas d'intrusion, un voyant rouge s'allume dans chaque classe, en cas de risque d'intrusion, une alarme se déclenche en plus du voyant. Enfin, pour une alerte chimique, c'est une alarme spécifique et un voyant vert." Nous en maternelle, on ne parle évidemment pas d'attaque terroriste lors d'un exercice, on dit par exemple qu'on joue à cache-cache avec le directeur ou la directrice", conclut-elle.

Juliette Brossault