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Mobilisation autour du délabrement des écoles dans les quartiers Nord de Marseille

Chauffage pas en état de marche, trous dans le sol, pas assez de chaises pour les enfants... Une enseignante a écrit une lettre ouverte à la ministre de l'Education nationale pour dénoncer le délabrement de son école.

Élus, enseignants et parents s'alarment du délabrement des écoles dans les quartiers nord de Marseille, une question soulevée notamment par une institutrice outrée par l'état de sa salle de classe et à l'origine d'une pétition qui comptait samedi plus de 10.000 signatures en ligne.

La mobilisation initiée par cette enseignante, Charlotte Magri, dans une lettre ouverte sur internet, a été ensuite été relayée par la sénatrice-maire PS des 15 et 16ème arrondissements de Marseille, Samia Ghali, qui a saisi les ministres de l'Éducation et de la Santé, dans un courrier consulté samedi par l'AFP.

Lettre à Najat Vallaud-Belkacem

Dans sa lettre ouverte à la ministre Najat Vallaud-Belkacem, Charlotte Magri décrit sa salle de classe, où il peut faire 13 degrés l'hiver, faute de chauffage en état de marche, où il y a des trous dans les sols, et qui manque de chaises pour faire asseoir tous les enfants...

"Des élèves sont obligés de rester chez eux parce qu'ils ont trop froid à l'école", a raconté Charlotte Magri à l'AFP, qui s'inquiète également d'un risque lié à l'amiante contenu dans le bâti, endommagé en plusieurs endroits. La situation est particulièrement dégradée "dans les quartiers nord", qui concentrent les zones de pauvreté à Marseille, où la mairie, responsable des bâtiments , "n'intervient pas", selon elle.

"Tu es pauvre, tu as une école de m...., tu es riche, tu as une belle école. En tant que citoyenne et en tant qu'enseignante, j'ai honte", ajoute l'enseignante dans sa lettre, qui précise n'avoir toujours pas eu de réponse du ministère.

Celui-ci n'est pas responsable, selon la loi, de la construction ni de l'entretien des écoles, qui sont de la compétence de la mairie, mais seulement de l'enseignement et de la gestion des personnels enseignants et administratifs.

"La situation de ces écoles préoccupe la ministre depuis déjà plusieurs mois", et Najat Vallaud-Belkacem "a appelé à ce sujet le maire (Les Républicains) de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pour s'entretenir avec lui de cette situation qui pose des problèmes en terme de sécurité et de santé pour les élèves", a fait savoir son ministère samedi. Il souligne par ailleurs que 330 postes d'enseignants seront créés à la rentrée de septembre dans l'académie d'Aix-Marseille, et qu'un décret permettant de prolonger un effort financier de 9 millions d'euros en trois ans pour les rythmes scolaires à Marseille allait être pris en février.

"Conditions réelles d'apartheid"

Samia Ghali, alertée par des parents d'élèves, avait elle aussi réclamé des mesures d'urgence au maire et l'appui des ministères de la Santé et de l'Education. La sénatrice a expliqué à l'AFP avoir recueilli de nombreux témoignages de parents faisant état de "rats qui courent au milieu de la classe", de cours dans des préfabriqués installés depuis des dizaines d'années et attaqués par les moisissures. "Cela fait des années que l'on demande des travaux, qui sont programmés mais ne sont jamais effectués", a-t-elle ajouté.

Elle dénonce des "conditions réelles d'apartheid, ne permettant pas des conditions d'enseignement dignes" et renvoyant aux enfants des quartiers nord, dès le plus jeune âge, "un message dégradé du service public et de la République".

V.R. avec AFP