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Migrants: les enfants de réfugiés ont "une ferveur particulière" à l'école, témoigne un inspecteur

Contrairement aux classes ordinaires, les unités pédagogiques Upe2a peuvent accueillir de nouveaux élèves tout au long de l'année scolaire.

Contrairement aux classes ordinaires, les unités pédagogiques Upe2a peuvent accueillir de nouveaux élèves tout au long de l'année scolaire. - Patrick Hertzog - AFP

Après l'urgence et après avoir logé les familles de réfugiés qui affluent sur notre sol, la question de la scolarisation de leurs enfants va rapidement se poser. L'Education nationale possède des unités pédagogiques dédiées à cette "intégration" par l'école. Le responsable de ces structures pour l'Académie de Paris nous en explique le fonctionnement.

C'est au plus une question de quelques semaines, mais la scolarisation des enfants de réfugiés, si elle n'est pas encore tout à fait d'actualité et passe après celle du logement, va devoir être rapidement prise en compte. Najat Vallaud-Belkacem expliquait mardi que l'Education nationale était prête à faire face, évoquant les Centres Académiques pour la Scolarisation des enfants allophones (Casnav).

Pour savoir comment ces unités pédagogiques fonctionnent, BFMTV.com a fait le point avec Alain Seksig, inspecteur de l'Académie de Paris et responsable de ces structures dont il rappelle le but premier: "Intégrer les enfants ne parlant pas français le plus rapidement possible dans un cursus ordinaire". "Ces unités Upe2a (unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants, ndlr) existent depuis le milieu des années 70. Nous avons l'expérience et nous savons quoi faire", insiste-t-il, confirmant l'assurance affichée de sa ministre de tutelle.

De petites structures "de 20 à 25 élèves au maximum"

Seules les plus importantes académies de France possèdent de telles structures. Concernant Paris, Alain Seksig précise que 2.700 élèves sont pris en charge chaque année, que ce soit en primaire, au collège ou au lycée. Les classes, où les arrivants sont regroupés par niveaux, comptent de "20 à 25 élèves au maximum" explique-t-il. Pour "le second degré, 75" de ces Upe2a sont mises en place à Paris, "mobilisant 80 professeurs, certains exerçant à temps partiel", détaille le responsable du Casnav. Et "50 unités pour le premier degré".

Spécialement formés pour enseigner dans ces Upe2a, les professeurs possèdent "en général la certification 'français langue étrangère'". Car sauf pour les francophones, ces élèves "nouvellement arrivés" auront pour la plupart tout à apprendre de notre langue. La maternelle reste cependant une exception puisque les plus jeunes enfants intégreront l'école sans aménagement spécifique, l'Education nationale faisant sienne la théorie d'apprentissage par le "bain de langue".

La République plutôt généreuse

Selon l'âge et l'origine des enfants, les situations sont très diverses. "Des élèves de plus de 16 ans n'ont parfois jamais été scolarisés. Ça ne va pas de soi", résume Alain Seksig. Selon les difficultés rencontrées, l'intégration peut prendre "de quelques mois à un an". "Il revient aux professeurs de décider quand les élèves sont prêts à rejoindre un cursus scolaire classique", continue-t-il. Mais ce passage peut aussi se faire de "manière partielle" pour suivre certaines matières, mais pas d'autres par prise en compte des compétences de l'élève. L'inspecteur insiste sur le caractère "très souple" de ces structures.

Alors que "l'instruction est obligatoire jusqu'à 16 ans, cette limite peut être repoussée jusqu'à 18 ans et même parfois jusqu'à 19 ans, en cas de scolarisation dans les Centres d'informations et d'orientation (CIO), pour les élèves francophones". Les plus âgés sont souvent orientés "vers des filières professionnelles", indique l'inspecteur d'Académie, qui veut souligner la "générosité de la République".

Des élèves souvent très motivés

Concernant l'afflux potentiellement important d'enfants supplémentaires dans ces classes, Alain Seksig affirme disposer d'une "réserve de professeurs certifiés suffisante" et ne montre aucune inquiétude particulière. Quant à la mobilisation de la Réserve de l'Education nationale aussi évoquée par la ministre, il juge que "nous n'en sommes pas (encore) là".