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Les professeurs de prépa refusent de "travailler plus pour gagner moins"

Professeurs et étudiants défilaient dans la rue lundi pour protester contre une réforme des classes préparatoires, assimiler par certains syndicat à une volonté de "casse" de ces filières.

Professeurs et étudiants défilaient dans la rue lundi pour protester contre une réforme des classes préparatoires, assimiler par certains syndicat à une volonté de "casse" de ces filières. - -

Priver les professeurs de prépas du bénéfice d'heures "déchargeables", pour les reporter sur les ZEP, tel est le projet de Vincent Peillon. Les enseignants ont manifesté lundi contre ce projet.

La fronde est venue des grands lycées parisiens. Plus de 700 enseignants et étudiants des classes préparatoires des lycées Fénelon, Louis-Le-Grand et Henri IV se sont rassemblés lundi devant le ministère de l'Education nationale et devant le lycée Saint-Louis. Ils dénoncent un projet du ministère de l'Education qui prévoit une baisse du salaire des professeurs et une hausse du nombre d'heures d'enseignement. Une pancarte marquée de "La nouvelle filière Peillon, TPGM: travailler plus pour gagner moins", synthétisait la raison de leur colère.

Le projet: dégager des heures "déchargeables" au profit des ZEP

Les professeurs de ces filières doivent actuellement assurer de huit à onze heures de cours hebdomadaires pour toucher leur salaire d'agrégé. A cette rémunération de base s'ajoutent éventuellement les heures supplémentaires et les "colles" que dispensent les enseignants. Cette différence horaire répond à des critères précis qui ouvrent droit à des "heures déchargeables" de leur emploi du temps: soit une heure pour les enseignants de deuxième année de prépa et une heure au moins par semaine quand l'effectif de la classe dépasse les 35 élèves, ce qui est généralement le cas.

Le projet du ministère de l'Education nationale propose de supprimer ces décharges horaires au profit d'enseignants en Zone d'éducation prioritaire (ZEP). Les professeurs devraient ainsi effectuer une dizaine d'heures hebdomadaires, sans prendre en compte les critères précités. Concrètement, cela engendrerait pour ces professeurs et en fonction du nombre effectif d'heures accomplies, soit une perte de salaire allant de 10 à 20%, soit la nécessité d'effectuer davantage d'heures afin de maintenir son salaire d'agrégé. 

Selon la Cour des comptes, un professeur de prépa agrégé gagne en moyenne 4.108 euros nets par mois à quinze ans de carrière et 4.812 euros à 30 ans de carrière.

Peillon contre les "élitismes" ou contre les prépas?

"Prendre de l'argent dans le salaire de certains professeurs pour le donner à d'autres, ceux des ZEP, nous semble inacceptable", juge Dominique Schiltz, professeur de mathématiques, qui estime qu'"une autre source de financement doit être trouvée". Pour ce professeur de Lille, il y a dans ce projet "une question d'idéologie: la volonté de casser ce caractère élitiste", en ciblant le salaire des professeurs.

Lors du lancement le 18 novembre de négociations avec les syndicats, Vincent Peillon avait dit aux journalistes: "Les conservatismes, voire les élitismes, sont en train de s'organiser" pour dire "attention à certains amis des classes préparatoires des grands lycées, attention par rapport aux jeunes de banlieue ou d'ailleurs qui sont en difficulté scolaire".

Les classes préparatoires (scientifique, littéraire ou économique) forment aux concours de grandes écoles pendant deux ans des bacheliers recrutés sur dossier. On décompte environ 2.000 classes dans ce genre, dans lesquelles quelque 8.000 professeurs enseignent aux 85.000 étudiants de ces filières.

D. N. avec AFP