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La pénitentiaire joue l'ouverture à l'école d'Agen

A l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire (Enap), à Agen. Dans cette école ultramoderne et ouverte sur l'extérieur, loin de l'image d'inaccessibilité du milieu carcéral, les gardiens de prison français apprennent à gérer des situations rendues de

A l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire (Enap), à Agen. Dans cette école ultramoderne et ouverte sur l'extérieur, loin de l'image d'inaccessibilité du milieu carcéral, les gardiens de prison français apprennent à gérer des situations rendues de - -

par Claude Canellas AGEN, Lot-et-Garonne (Reuters) - Les gardiens de prison français bénéficient depuis dix ans d'une école ultramoderne où ils...

par Claude Canellas

AGEN, Lot-et-Garonne (Reuters) - Les gardiens de prison français bénéficient depuis dix ans d'une école ultramoderne où ils apprennent à gérer des situations rendues de plus en plus difficiles par la surpopulation carcérale.

En novembre 2000, le Premier ministre Lionel Jospin inaugurait à Agen l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire située jusqu'alors à Fleury-Mérogis, près de Paris, à l'ombre du plus grand centre pénitentiaire d'Europe.

En passant de la banlieue parisienne à une ville moyenne de province, l'Enap s'est ouverte sur l'extérieur en devenant le point de fixation d'un véritable campus ouvert où elle voisine avec des antennes de l'Université de Bordeaux.

Loin de l'image d'inaccessibilité du milieu carcéral, l'Enap s'est ouverte sur l'extérieur en même temps qu'elle mettait en oeuvre une réorganisation de ses méthodes pédagogiques.

"Les gardiens souffrent d'une sorte d'assimilation à leur lieu de travail, d'un manque de reconnaissance qui m'indigne un peu", déclare le nouveau directeur depuis juin dernier, Philippe Astruc, alors que les personnels des prisons ont entamé mardi une nouvelle journée de grève pour obtenir plus de moyens.

Près de 75% des personnels de la pénitentiaire sont des surveillants, "un des métiers les plus difficiles de la République" parce qu'ils sont "en première ligne" mais qu'ils manquent à ses yeux de reconnaissance, explique le directeur, qui est un magistrat, une "première" pour l'Enap.

Ils sont confrontés quotidiennement aux conséquences de la surpopulation carcérale - 60.978 détenus pour 53.300 places au 1er janvier dernier -, qui font de la France le pays d'Europe de l'Ouest où le nombre de suicides de prisonniers est le plus important sur la période 2002-2006 selon l'Institut national d'études démographiques (Ined). Le nombre de détenus qui ont mis fin à leur jour s'est élevé à 115 en France en 2009.

DÉCOR DE PRISON RECONSTITUÉ

Implantée sur un terrain verdoyant de 16 hectares, l'Enap emploie 260 personnes sur les 18.000 m2 de locaux dédiés à la formation et 23.000 m2 consacrés à l'hébergement des élèves.

L'école a déjà reçu jusqu'à 1.400 personnes en formation en même temps et les deux tiers des personnels actuels de la pénitentiaire ont été formés à Agen.

Un bâtiment de simulation permet par exemple aux surveillants de mesurer en situation les difficultés et d'apprendre à apporter la bonne réponse et à faire les bons gestes dans un décor de prison reconstitué.

Un atelier est consacré à la gestion des incendies dans une ou plusieurs cellules, une pratique fréquente des détenus qui cherchent à attirer l'attention sur leur sort.

Tous les surveillants sont préparés à intervenir avec les équipements adéquats (veste ignifugée, casque, masque et bouteille d'oxygène) avant l'arrivée des pompiers.

La fouille des cellules, les interventions et mouvements de détenus, ainsi que la gestion des troubles du comportement sont mis en situation avec l'aide de comédiens extérieurs qui apportent une dimension réaliste aux événements auxquels les surveillants sont confrontés.

Les élèves apprennent aussi à gérer les visites dans un établissement pénitentiaire avec l'utilisation d'un portique électronique, d'un tunnel équipé de rayons X pour les bagages et de lecteurs biométriques permettant l'identification par la reconnaissance de la main.

Cours de secourisme sanctionnés par un diplôme national, exercices de tir, activités sportives et formations théoriques sont également au programme des élèves.

"Une de nos orientations fortes est le travail sur la prévention de la récidive", dit Philippe Astruc.

"Au-delà des gestes professionnels, on essaie d'élever la conscience globale en incluant dans nos programmes notamment l'histoire de la pénitentiaire, la criminologie", dit-il.

Edité par Yves Clarisse