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La FCPE ciblée après une campagne défendant le droit des mères voilées à accompagner les sorties scolaires 

La Fédération nationale des conseils de parents d'élèves est la cible de nombreuses critiques pour avoir publié une affiche de campagne défendant le droit aux femmes voilées d'accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires.

La FCPE, Fédération des conseils de parents d'élèves, est cible de virulentes critiques sur les réseaux sociaux ces derniers jours en raison de la publication d'une affiche de campagne défendant le droit aux mères d'élèves musulmanes voilées à accompagner leurs enfants aux sorties scolaires.

"Oui, je vais en sortie scolaire, et alors?", interroge cette affiche de campagne pour les élections des représentants de parents d'élèves publiée sur les réseaux sociaux, sur laquelle on peut voir une femme voilée ainsi qu'une fillette.

L'affiche précise encore: "la laïcité, c'est accueillir à l'école tous les parents sans exception", suivi du hashtag #serespecter.

Sur les réseaux sociaux, des internautes, pour certains proches du Printemps Républicain, se sont indignés du message diffusé par cette affiche, dénonçant un manque de cohérence de l'institution qui prône le respect de la laïcité républicaine.

Parmi eux Laurent Bouvet, membre du conseil des sages de la laïcité et cofondateur du Printemps républicain. Ce dernier a publié sur Twitter plusieurs montages moquant l'affiche de la FCPE. Dans l'un d'eux, Laurent Bouvet a remplacé l'image de la mère de famille voilée par Sean Connery en slip rouge à bretelles lors du tournage du film "Zardoz", ajoutant: "Venez comme vous êtes". Depuis ces messages parodiques, de nombreux internautes ont réclamé sa démission, lançant le hashtag #Bouvetdémission. L'intéressé, interrogé par l'Obs ce lundi, nie être à l'origine de ces montages qu'il assure avoir simplement partagé.

"Il faut laisser la chance à tout le monde d'accompagner les enfants"

Le coprésident de la FCPE nationale Rodrigo Arenas, contacté par BFMTV, se refuse à tout commentaire pour le moment. Il indique néanmoins que la FCPE envisage de se réunir prochainement pour aborder la question.

Au micro de BFMTV, Christophe Merlino, président de la FCPE des Bouches-du-Rhône, a quant à lui défendu la position de la fédération, s'interrogeant sur la définition de la laïcité.

"La laïcité c'est lutter contre l'exclusion mais aussi l'exclusion de parents, il faut laisser la chance à tout le monde d'accompagner les enfants en sortie scolaire à partir du moment où il n'y a pas de prosélytisme", prône-t-il.

Ce nouvel épisode renvoie à un flou juridique qui n'a jamais encore été clairement tranché en France. Le vademecum sur "la laïcité à l'école", manuel de référence adressé aux équipes académiques (élaboré par les directions du ministère de l'Éducation nationale), considère que les parents d'élèves ne peuvent être considérés comme des agents auxiliaires du service public et ne sont donc pas soumis à l’exigence de neutralité religieuse.

Cependant, celui-ci précise que "si les parents d'élèves ne sont pas soumis à l'interdiction du port de signes manifestant une appartenance religieuse, ils sont les premiers éducateurs et contribuent à transmettre à leurs enfants les règles de l'École laïque. Il convient de s'assurer de leur compréhension du principe de laïcité et de son application à l'école pour construire un rapport positif entre eux et l'école".

Concernant les activités scolaires, il est indiqué que "le parent devient un accompagnateur chargé de la sécurité de tous les élèves. Il contribue ainsi à la bonne marche de l'activité pédagogique. Il a donc un devoir d'exemplarité devant tous les élèves concernés par cette activité, dans son comportement, ses attitudes et ses propos". 

Un vide juridique?

Le 15 mai dernier, le Sénat a adopté en première lecture un amendement à la loi Blanquer interdisant les sorties scolaires pour les parents qui portent des signes religieux ostensibles. La confusion demeure pourtant. Car en décembre 2013, le Conseil d'État avait considéré qu'en tant qu'usagers du service public, les parents d'élèves n'avaient pas à se soumettre à l'exigence de neutralité religieuse.

Il avait alors néanmoins précisé que "les exigences liées au bon fonctionnement du service public de l'éducation peuvent conduire l'autorité compétente, s'agissant des parents d'élèves qui participent à des déplacements ou des activités scolaires, à recommander de s'abstenir de manifester leur appartenance ou leurs croyances religieuses". 

Puis en décembre 2015, le tribunal administratif d'Amiens avait annulé l'instruction du DASEN (Directeur Académique des Services de l'Éducation Nationale) qui ordonnait "aux directeurs d'établissements scolaires de la commune de Méru de refuser, par principe, la participation des mères voilées aux sorties scolaires".

Le tribunal rappelait cependant qu'il était "loisible à l'autorité administrative, pour tenir compte d'exigences liées au bon fonctionnement du service public de l'éducation ou pour des considérations d'ordre public, de restreindre la liberté de manifester leurs opinions religieuses des parents d'élèves, y compris lorsqu'ils accompagnent une sortie scolaire".
Jeanne Bulant