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"L'action des harceleurs est toujours minimisée": le témoignage de la mère d'une ado qui s'est suicidée

Des moqueries sur son poids au revenge porn sur les réseaux sociaux, Marie a fait l'objet de harcèlement de la part de ses camarades pendant des années. Sa mère déplore l'absence de réaction de son lycée.

C'est un appel à une prise de conscience. Stéphanie Mistre raconte sur BFMTV le harcèlement scolaire qu'a subi sa fille Marie pendant des années, sans réaction de la part de son lycée, alors que la journée nationale contre le harcèlement scolaire est prévue jeudi prochain. L'adolescente s'est finalement suicidée à l'âge de 15 ans.

"On dit que ce sont des querelles d'enfants. (...) L'action des harceleurs est toujours minimisée", déplore la mère de Marie.

Des moqueries dès la 6e

Le harcèlement débute pendant la première année de collège de Marie. "Dès 11 ans, on a commencé à lui dire des choses sur son poids", se souvient Stéphanie Mistre.

Peu à peu, la jeune fille confie son mal-être à ses parents et dit être "embêtée à l'école, surtout par des garçons". Heureusement, à l'époque, le collège prend les choses en main et échange régulièrement à ce sujet avec la mère de Marie.

"Ils étaient très efficaces à ce niveau-là", salue-t-elle. "Ils convoquaient très rapidement les parents avec des prises de sanctions, des menaces de renvoi, d'avertissements", liste Stéphanie Mistre.

Revenge porn et montages humiliants au lycée

Mais la situation s'aggrave quand l'adolescente change d'établissement scolaire et se trouve en pension.

"Ça s'est vraiment avéré dur à vivre pour elle en seconde, où il y a eu un groupe d'adolescents qui s'est acharné sur elle", poursuit sa mère.

Marie fait alors l'objet de revenge porn (diffusion d'images nues ou à caractère sexuel sans l'autorisation de la personne en photo), de montages humiliants sur les réseaux sociaux qui la montrent avec une tête de cochon, ou est traitée de "baleine".

"Il y a eu une accumulation (...), mais une absence de réaction de la direction", déplore sa mère qui raconte que les harceleurs sont convoqués, mais ne reçoivent aucune "sanction forte".

Pire, "Marie n'a pas été reprise dans le lycée où elle était parce qu'elle dérangeait et faisait parler d'elle, alors que les harceleurs ont été repris l'année d'après", affirme sa mère.

Après des années, Marie en a "marre de se battre"

L'adolescente vit très mal la situation. "Pour elle, c'était une injustice de ne pas être comprise et entendue", explique Stéphanie Mistre.

Petit à petit, la situation se dégrade et ses parents ne retrouvent plus la jeune fille "joviale" et "avec du caractère" qu'elle était.

"Au départ Marie répondait (à ses harceleurs) et à la fin elle laissait couler, parce qu'elle en avait marre de se battre", estime sa mère. Sa fille met fin à ses jours en classe de seconde.

Après notamment la médiatisation de l'affaire Dinah, jeune fille suicidée à 14 ans après avoir subi du harcèlement à l'école, un délit de harcèlement scolaire a été voté fin 2021 par l'Assemblée nationale. Il prévoit jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende en cas de menaces poussant jusqu'au suicide ou à la tentative de suicide.

Juliette Desmonceaux