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Juger un lycée autrement que par ses résultats au bac

Une salle de classe

Une salle de classe - -

Le ministère de l’Éducation nationale a publié ce mercredi nombre de statistiques diverses et variées sur les lycées français.

Taux de réussite au bac, part des élèves gardés par le lycée de la seconde à la terminale, "valeur ajoutée" apportée par l'établissement: le ministère de l'Education a publié mercredi ses "indicateurs de réussite des lycées", des statistiques annuelles médiatisées mais déroutantes pour les non-initiés

"Il ne faut pas se contenter du taux de réussite au bac pour juger l'efficacité d'un établissement", mais aussi regarder "la façon dont il accompagne ses élèves" de la seconde jusqu'au bac, insiste Catherine Moisan, responsable de la Direction des statistiques (DEPP) au ministère.

Car certains établissements élitistes se séparent en cours de route d'élèves qu'ils estiment susceptibles de minorer leur taux de réussite au bac.

Accompagnements et examens blancs

Une voie que le lycée Marie-Laurencin de Mennecy dans l'Essonne a choisi de ne pas suivre: le taux d'accès de la seconde au baccalauréat y est supérieur de quatre points au taux attendu.

"On avait trop tendance en fin de seconde à barrer la route aux élèves et ça ne donnait pas toujours de bons résultats non plus", explique Alain Moreau, proviseur. "Grâce au tutorat, on peut accompagner les élèves et les amener à la réussite malgré un parcours chaotique".

Un accompagnement renforcé des élèves, mais aussi des examens blancs réguliers sont les recettes du lycée parisien Gabriel Fauré, dont les résultats ont décollé en deux ans.

Réflexes tenaces

Ces données pourraient pourtant être très utilisées "pour que les familles ne cherchent pas systématiquement à aller dans l'établissement le plus prestigieux, le plus élitiste", mais plutôt l'adéquation entre un établissement et les besoins de leur enfant.

Mais les réflexes restent tenaces: des familles n'hésitent pas à investir dans une chambre de bonne pour avoir la bonne adresse près de l'établissement renommé convoité.

Les chefs d'établissement peuvent utiliser les indicateurs pour conforter leur politique. "On s'en sert pour bâtir le projet pédagogique de l'établissement, tous les trois ans", explique Philippe Cantin, proviseur adjoint du Lycée professionnel Coëtlogon à Rennes, classé Eclair (parmi les plus difficiles), et où une commission de suivi des élèves en difficulté se réunit toutes les semaines.

Dur de changer l'image d'un établissement

Ces indicateurs "partaient d'une bonne intention, sauf qu'on les a lancés dans la nature sans les expliquer. Ils auraient pu être des leviers efficaces pour changer des choses", regrette pour sa part Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, principal syndicat des personnels de direction.

Le ministère se défend de publier un palmarès. En revanche, plusieurs médias moulinent ses statistiques, chacun suivant sa méthodologie, pour établir des classements dont les résultats diffèrent.

A l'arrivée, l'effet est "quasi-nul" sur l'opinion, estime Philippe Tournier. "S'ils confortent les préjugés, les gens y prêtent attention, mais si un établissement qui a très mauvaise réputation est mis en avant, les gens n'y croient pas. Il faut un certain nombre d'années pour que les images changent".