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Jean-Michel Blanquer veut guider les enseignants dans le choix des manuels scolaires

Les rapports s'opposent sur l'importance du manuel de lecture choisi. (Photo d'illustration)

Les rapports s'opposent sur l'importance du manuel de lecture choisi. (Photo d'illustration) - Jean-Pierre Muller - AFP

Dès l'année prochaine, un Conseil scientifique mis en place par le ministère de l'Education nationale accompagnera les enseignants et devrait formuler des recommandations sur le choix des manuels scolaires, afin notamment d'endiguer les mauvais résultats des écoliers en lecture.

La lecture reste un sujet sensible dans l'Education nationale, d'autant plus que de classement en classement, les élèves français tendent à se retrouver en queue de peloton. Le 5 décembre, l'étude internationale Pirls montrait une nouvelle fois que les compétences en lecture et compréhension des élèves de CM1 sont en baisse et, si elles restent au-dessus de la moyenne, se classent parmi les pires de l'Union Européenne.

En parallèle, Jean-Michel Blanquer a annoncé fin novembre la création d'un Conseil scientifique regroupant "des chercheurs issus de disciplines variées", pour "éclairer les choix" du ministère et "guider les inspecteurs et professeurs dans leurs pratiques".

"Tous les manuels ne se valent pas"

Le ministre de l'Education nationale veut mettre à disposition des enseignants un "état des lieux de la recherche" afin de s'appuyer sur "les résultats scientifiques les plus récents". Surtout, il annonce qu'"au début de l'année 2018", ce Conseil scientifique formulera "des recommandations (...) pour aider les professeurs à bien choisir leurs manuels".

Des annonces qui font écho à ce que le ministre avait évoqué en août. "Nous mettrons en avant les méthodes d'apprentissage les plus efficaces en matière de lecture, d'écriture et de calcul", assurait-il alors, désirant "s'appuyer sur les découvertes des neurosciences". "Tous les manuels ne se valent pas, des études ont prouvé que certains sont plus efficaces que d'autres", affirmait-il encore au début du mois.

L'occasion pour Jean-Michel Blanquer de réaffirmer sa position en faveur de la méthode syllabique, plutôt que les méthodes globales ou mixtes. Selon le rapport "Lire et écrire" mené sous la direction de Roland Goigoux auprès de 131 classes et publié en 2016, seules 10% des classes étudiées suivaient une méthode strictement syllabique. Un chiffre approchant de celui cité par Jérôme Deauvieau dans son rapport publié en 2013, même s'il s'appuie sur un "sondage internet" et rappelle qu'"aucune étude quantitative" n'a été menée "concernant la diffusion actuelle des méthodes et des manuels".

L'éternelle querelle entre syllabique et globale

Dans ce même rapport, il affirme que le choix du manuel a un effet "considérable" sur la qualité de l'apprentissage de la lecture par les écoliers de 23 classes, même s'il apparaît que le capital culturel et le niveau de diplôme des parents le talonnent de près. Il y rapporte aussi les meilleurs résultats en compréhension et en orthographe de ceux suivant une méthode syllabique "stricte"; une position que le sociologue a portée par ailleurs.

Pourtant, le rapport de Roland Goigoux note lui, sur une centaine de classes, "aucune différence d’efficacité sur les performances des élèves en code, en écriture et sur leurs performances globales, entre les maîtres qui utilisent un manuel centré sur le code (c’est-à-dire une approche syllabique ou phonique) et les autres".

Par ailleurs, la même étude souligne que près d'un tiers des enseignants n'utilise pas de manuel du tout, sans que le temps dédié à l'enseignement de la compréhension n'en soit affecté.

Dans les faits, les professeurs combinent souvent les deux méthodes, globale et syllabique, et s'appuient sur leur expérience pour développer un apprentissage adapté à leur classe.
Liv Audigane