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Harcèlement à l'école : 1 enfant sur 10 est concerné

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Le ministre de l'Éducation Luc Chatel lance ce mardi une campagne de sensibilisation contre le harcèlement à l'école. Vols, insultes, coups... En France, 1 enfant sur 10 est concerné par ce phénomène qui peut entraîner jusqu’au suicide. Témoignages.

Afin de juguler un phénomène qui peut entraîner échecs scolaires, dépressions, voire tendances suicidaires, le ministre de l'Éducation Luc Chatel lance ce mardi matin une campagne de sensibilisation contre le harcèlement à l'école, avec spots TV et site internet.

«Répétition et disproportion des forces»

Un enfant sur 10 est concerné dans les cours d'écoles de l'hexagone par ce type de violence un peu taboue, qu'elle soit morale ou physique. Vol de goûter, moqueries, insultes, rumeurs, brimades ou menaces, jusqu'aux coups, au racket ou aux violences sexuelles... « Des petites choses qui, parce qu’elles sont répétées, vont rendre la vie d’un élève absolument insupportable », explique Jean-Pierre Bellon, président de l'Association pour la prévention des phénomènes de harcèlement entre élèves (APHEE) : « Le harcèlement c’est d’abord la répétition et ensuite la disproportion des forces : les plus forts contre les plus faibles, les plus nombreux contre les plus isolés ».

Selon une enquête sur le climat scolaire au collège, les élèves, en majorité, "se sentent bien" dans leur établissement, mais environ 10 % se disent "harcelés", dont 6 % "sévèrement ou très sévèrement". A la veille de la dernière rentrée scolaire de Noël, une fille de 12 ans s'est donné la mort avec un fusil de chasse près de Lens (Pas-de-Calais). Sa mère a ensuite affirmé qu'elle avait commis ce geste car elle était "harcelée" par des camarades au collège.

« Ça a commencé par des insultes : gros porc, trisomique… »

Véronique Chauvin est la mère de Régis, aujourd'hui âgé de 12 ans. Son fils a vécu un calvaire durant son année de 6e, il y a deux ans dans un collège de Charentes. Il a été brimé par ses camarades à cause de problèmes d'élocution et de bégaiement. Aujourd'hui, elle témoigne pour aider les autres enfants encore dans cette situation : « Au début ça a commencé par des insultes : gros porc, trisomique… Et la situation a empiré, on le suivait, il y avait un relai pendant les récréations. C’était des petits coups, faits individuellement ou en groupe. Les enfants intégraient ça dans la classe, dans les cours. Mon fils stressait énormément, faisait des cauchemars et même pipi au lit. Il est sorti du système scolaire il y a deux ans, il suit des cours à la maison maintenant ; c’est la seule solution qui nous restait ».

« Depuis, ma fille est devenue agressive, je ne la reconnais plus »

Anne, elle, ne comprenait pas le comportement de sa fille de 13 ans qui avait changé. Violence verbale, portes qui claquent. Sa fille était en fait insultée par ses camarades de 5e d'un collège de Meurthe-et-Moselle : « Ma fille avait peur d’aller au collègue, donc j’ai cherché à savoir ce qui se passait. J’ai surpris des messages Facebook qui la menaçaient : je vais te casser la gueule, te défigurer… J’ai averti le collègue. Le CPE [ndlr, conseiller principal d’éducation] a convoqué les 2-3 élèves en question et ma fille. Ils ont discuté et ça s’est arrêté. Mais depuis, ma fille est devenue agressive, je ne la reconnais plus ».

« La devise d’un chef d’établissement : ne pas faire de vagues »

Les parents ont parfois l'impression de se retrouver face à un mur lorsqu'ils interpellent l'administration sur le problème. Et Béatrice Barennes, secrétaire nationale à la pédagogie du Syndicat national des Lycées et Collèges (SNALC) et professeur de lettres classiques, regrette en effet de « souvent constater que la devise d’un chef d’établissement, c’est ne pas faire de vagues et minimiser les faits. Ce n’est pas du fait des professeurs généralement, mais plutôt du fait de l’administration, parce que ça va rejaillir sur la réputation d’un établissement ».

La Rédaction, avec Jean-Jacques Héry