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Études de médecine: faut-il supprimer le numerus clausus?

Des étudiants en première année de médecine passent leur examen de fin de premier semestre en décembre 2012 à Marseille

Des étudiants en première année de médecine passent leur examen de fin de premier semestre en décembre 2012 à Marseille - Anne-Christine Poujoulat-AFP

Le député LREM Olivier Véran estime qu'il faut supprimer le numerus clausus qui limite le nombre d'étudiants à l'issue de la première année de médecine. Une solution qui ne répondrait pas pour autant dans l'immédiat au problème des déserts médicaux.

C'est un serpent de mer, faut-il supprimer le numerus clausus en faculté de médecine? En clair: faut-il arrêter de restreindre drastiquement l'accès en deuxième année des étudiants? Un débat d'autant plus d'actualité que la pénurie de médecins provoque des déserts médicaux sur tout le territoire.

Le député LREM de l'Isère Olivier Véran relance le débat sur ce mode de sélection qualifié de "système périmé" par Emmanuel Macron. Ce dernier avait assuré durant sa campagne présidentielle vouloir en finir avec ce système "inefficace et injuste".

"Le numerus clausus n'est qu'un instrument qui empêche les jeunes Français de faire médecine en France", dénonce Olivier Véran dans Le Figaro.

8205 étudiants sur 60.000 seront admis

À la faculté de médecine de Nice, dans les Alpes-Maritimes, certains étudiants de première année voudraient bien en finir avec le numerus clausus. "Un QCM (questionnaire à choix multiples, ndlr), c'est peut-être 40 places. Et se dire qu'à un QCM près, on n'a pas médecine et qu'on double ou triple, c'est quand même assez stressant", confie Katia, l'une de ces étudiantes, à BFMTV.

Cette année, 8205 étudiants sur 60.000 seront admis au concours dans toute la France et pourront poursuivre leurs études de médecine en deuxième année. Un chiffre qui augmente au compte-gouttes au fil des années. Ils étaient près de 900 de moins il y a dix ans. Certains élèves trouvent cependant ce mode de sélection utile.

"La sélection est difficile mais au final les études qui attendent derrière demandent tellement de travail que c'est encore nécessaire aujourd'hui de faire comme ça", remarque pour BFMTV Noémie, étudiante en cinquième année de médecine.

Le contournement du numerus clausus

Pour Patrick Baqué, le doyen de cette faculté, il ne faut pas supprimer mais augmenter le numerus clausus afin d'éviter que des étudiants partent se former moins bien dans d'autres pays européens.

"C'est un vrai problème, regrette Patrick Baqué pour BFMTV. C'est ce qu'on appelle le contournement du numerus clausus qui donne une inégalité devant l'offre de formation que l'on a."

En France, le nombre de médecins formés à l'étranger a doublé depuis 2007. Aujourd'hui, ils sont plus de 26.000 à exercer dans l'Hexagone. Il n'est en effet pas nécessaire d'étudier sur le sol français pour y exercer. L'Algérie et la Roumanie sont les deux plus grands pourvoyeurs de médecins. La Belgique, connue pour avoir une sélection moins sévère, arrive en troisième position. 

S'il saute, "une réponse dans vingt ans"

Nouari Drissi, lui, est médecin généraliste à Clermont-L'Hérault, dans le département de l'Hérault. Il s'inquiète pour l'avenir, quand il devra trouver son remplaçant. Car il n'y a pas assez de docteurs formés. Pour lui, supprimer le numerus clausus ne résout rien à court terme.

"Un jeune étudiant qui va entrer en première année de médecine va s'installer dans vingt ans. On va faire sauter le numerus clausus aujourd'hui, on aura une réponse dans vingt ans", remarque-t-il pour BFMTV.

Demeure un autre problème: les capacités d'accueil des universités. Avec plus d'étudiants, il faudra forcément changer les méthodes d'enseignement, notamment grâce au numérique. Mais du côté du ministère de la Santé, un proche d'Agnès Buzyn assure au Figaro que l'ouverture du numerus clausus n'est "pas une solution à un problème immédiat". "Les déserts médicaux ce n'est pas qu'une question de quantité de médecins mais de façon d'exercer la médecine."
C.H.A. avec Christophe Napoli