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Enseignement des mathématiques: la méthode Singapour plébiscitée

Deux spécialistes de l'enseignement des mathématiques estiment que la méthode Singapour, préconisée dans le rapport rendu ce lundi au ministre de l'Éducation nationale, peut faire rapidement progresser les élèves.

Les spécialistes de l'enseignement des mathématiques plébiscitent la méthode Singapour. Alors qu'un rapport est remis ce lundi au ministre de l'Éducation nationale afin d'améliorer l'enseignement et l'apprentissage des maths dès le CP, la méthode Singapour est évoquée parmi d'autres pédagogies afin de réconcilier les écoliers français avec cette matière.

"Des pédagogies efficaces"

Pour Monica Neagoy, docteure en didactique des mathématiques, cette méthode permet de rendre la matière plus accessible. "Ils doivent commencer par le concret (...) Ce qu'on appelle la méthode Singapour, c'est un ensemble de choses basées sur des pédagogies efficaces qui existaient", analyse-t-elle sur notre antenne.

La méthode Singapour consiste à faire manipuler des objets, comme des cubes, aux enfants. L'idée est de concrétiser le problème, avant de passer à une application abstraite avec des chiffres. Les opérations sont abordées par couple. Par exemple: l'addition en même temps que la soustraction. Grâce à cette méthode, Singapour s'est hissé en tête des classements internationaux sur l'enseignement des mathématiques.

"On explique ce qu'on fait, on raconte des histoires"

Autre priorité pour Monica Neagoy afin que les écoliers français ne soient plus les plus mauvais élèves européens en la matière, appréhender les mathématiques de manière positive. "Il faut qu'on parle du plaisir, de la joie, de la beauté des mathématiques et donner aux enfants la confiance qu'ils peuvent. Parce que tout enfant est capable et peut", poursuit-elle.

Un point de vue que partage Martin Andler, mathématicien et vice-président de l'association Animath, dont le but est de promouvoir l'activité mathématique chez des jeunes. Il s'agit de rendre la discipline attractive, détaille-t-il sur BFMTV.

"On explique ce qu'on fait, on raconte des histoires (...) Cette méthode a été systématisée à Singapour et organisée de manière remarquable, mais beaucoup de ces idées sont des idées qui courent un petit peu partout dans le monde, y compris en France."

"Les professeurs du primaire sont de formation littéraire"

Mais selon lui, un meilleur enseignement des mathématiques ne se fera pas sans une meilleure formation des enseignants, comme l'évoque le rapport. Ainsi, il recommande de multiplier par cinq le temps consacré à cette matière dans le cadre de la formation des professeurs des écoles, souvent issus de filières littéraires.

"80 à 85% des professeurs du primaire sont de formation littéraire. Beaucoup d'entre eux ont un rapport difficile avec les mathématiques, ils ne sont pas à l'aise (...) Il faut pouvoir aider les enseignants", ajoute Martin Andler.

Cela ne signifie pas pour autant que ces enseignants n'ont pas envie d'aborder de nouvelles pédagogies. "J'ai travaillé avec des milliers de professeurs en France", indique Monica Neagoy. "Ils ont envie de connaître et de faire plaisir, apprendre et comprendre pour les élèves."
C.H.A.