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Education : Nos enfants travaillent-ils trop ?

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A peine les quelque 12 millions d’élèves ont-ils franchi les portes des établissements que rapports, sondages, enquêtes et constats alarmants déferlent.

Le constat est surprenant ! D'après le rapport de l’OCDE (Organisation de Coopération et Développement Economiques) publié cet été, par rapport à ses voisins européens, la France fait travailler ses élèves beaucoup plus pour un résultat qui n’est pas toujours probant. De 7 et 14 ans, un élève français va passer près de 7 500 heures en cours, alors qu’en Finlande, par exemple, les élèves n’y passent que 5 500 heures. Seules l’Espagne et l’Italie imposent à leurs élèves encore plus d'heures de cours qu’en France.

Mais rassurons-nous, le niveau de performance des écoliers français reste dans la moyenne européenne malgré un programme dense et un emploi du temps chargé.

Constat identique en Espagne où le système scolaire est proche de celui de la France, beaucoup d’heures de cours pour des résultats dans la moyenne européenne.

En revanche, en Allemagne où l'emploi du temps est plus souple et les programmes très allégés, les performances n'en sont pas pour autant meilleures (surtout en lecture et mathématiques).

Pourtant, d'après Eric Charbonnier, responsable du programme d’évaluation des élèves de l’OCDE, « le nombre d’heures de cours n’influence ni les résultats ni les performances, se sont les méthodes pédagogiques des pays qui influencent l’éducation des élèves ».

Mais spécificité française, un facteur important s'impose dans la relation élèves/écoles : le stress. Pression du système, sanction des notes, crainte du redoublement, et peur de mal faire sont le lot quotidien des écoliers, collégiens et lycéens ! A tel point qu’ils préfèrent ne pas répondre à une question plutôt que de se tromper. Le système français, aux yeux de l’OCDE, est donc trop rigide.

Les différences de méthodes pédagogiques expliqueraient en grande partie ces disparités dans les performances. Reprenons l’exemple de la Finlande qui affiche une autre conception de l’enseignement : peu de devoirs à la maison, pas de redoublement, ni de système de notation. L’enseignant finlandais fonctionne beaucoup en groupe d’enfants au sein même de sa classe de façon à ce que chaque élève ait acquis les bases à la fin de son année.

« Cela demande beaucoup de flexibilité aux professeurs, ils doivent s’adapter aux effectifs de leurs classes mais les élèves ont ces fameuses bases, suffisantes pour continuer leurs études et ensuite arriver serein sur le marché du travail. » conclue Eric Charbonnier.

Tout cela se répercute, entre autre, sur les dépenses. La France est, en Europe, l’un des pays qui dépense le plus pour chaque élève.

Ce sont les élèves du secondaire qui coûtent le plus cher car ils passent plus de temps dans les enceintes scolaires et monopolisent plus d'enseignants que les primaires.

Guy Barbier, spécialiste des questions de budget au syndicat Unsa Education, revient sur la mesure visant à supprimer des postes d’enseignants : « Si l’on enlève une heure de cours à l’ensemble des classes [...] on économise 3 000 poste dans les lycées, 7600 postes dans les collèges, 2000 dans les lycées professionnels et 9400 dans les écoles primaires. Tout dépend où l’on place la barre. Car si l’on enlève deux heures par semaine au collège on économise près de 12 000 postes. C’est au-delà des suppressions qui sont annoncées ! »

Le Gouvernement va devoir, sur la longueur, montrer les perspectives de sa politique encore confuse dans les grandes lignes malgré des mesures comme la suppression des 11 200 postes en 2008 et la volonté d’augmenter le temps de travail des enseignants (et leurs faire gagner plus ?).

Assouplissement de la carte scolaire, revalorisation la profession d’enseignant et suivi plus attentif des élèves en primaire, si Xavier Darcos veut tenir son cahier des charges il lui reste à trouver des solutions adéquates et innovantes... au risque de se faire taper sur les doigts à coups de règles s'il n'y parvient pas !

Stanislas Bertin