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École: un protocole sanitaire "plus pragmatique" mais toujours "compliqué" pour les enseignants

Mesure de distanciation dans une école à Paris le 12 mai 2020

Mesure de distanciation dans une école à Paris le 12 mai 2020 - Philippe LOPEZ © 2019 AFP

Si les enseignants et directeurs d'établissements notent un assouplissement des règles, ces personnels de l'Éducation nationale craignent qu'elles ne restent toujours difficile à appliquer.

Ce doit être un retour à la normale, deux semaines avant les vacances d'été. Emmanuel Macron l'a annoncé ce dimanche: crèches, écoles et collèges rouvriront pour tous les élèves de manière obligatoire à compter du 22 juin. Un retour à une scolarisation en présentiel qui va de pair avec un nouveau protocole sanitaire, allégé pour l'occasion.

Ainsi, les règles de distanciation physique ont été modifiées: à l'intérieur comme à l'extérieur, les élèves ne sont plus tenus de disposer de 4m² chacun. À la maternelle, plus aucune règle de distanciation ne s'impose entre les élèves s'ils font partie d'une même classe ou groupe.

À l'école élémentaire et au collège, "le principe est la distanciation physique d'au moins un mètre", "dans les espaces clos (dont la salle de classe), entre l'enseignant et les élèves ainsi qu'entre les élèves quand ils sont côte à côte ou face à face". Mais seulement "lorsqu'elle est matériellement possible", dispose le document.

Le port du masque n'est plus obligatoire pour les enseignants lorsqu'ils sont en cours et se situent à une distance d'au moins un mètre de leurs élèves.

Craintes au sujet des temps périscolaires

Ces nouvelles règles "devraient permettre d'accueillir très, très largement dans les écoles sur le temps scolaire", a réagi mercredi soir sur BFMTV Stéphane Crochet, secrétaire général du Syndicat des enseignants - Unsa.

Néanmoins, "il reste des contraintes", a souligné l'enseignant. Par exemple pour le temps périscolaire, car la règle de non-brassage des élèves de classes différentes reste d'actualité. Si les différents groupes ne peuvent donc être mélangés, cela "va poser beaucoup de contraintes aux collectivités pour tous ces accueils de garderie et de restauration".

Le syndicaliste pointe également la souplesse accordée sur la règle de distanciation sociale. "On finit dans une situation un peu étrange ce soir où, à l'école élémentaire, il faut respecter un mètre mais si on ne peut pas alors on ne le respecte pas, ce qui du coup est une règle un peu bizarre", a-t-il commenté.

"On verra bien si toutes ces hésitations du début de semaine vont permettre de regagner la confiance des familles et de toutes les familles", a poursuivi Stéphane Crochet.

"Il était temps, plus que temps"

"Il était temps, plus que temps", a réagi pour sa part ce jeudi matin sur France Info Audrey Chanonat, membre de l'exécutif national du Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale (SNPDEN).

"Tout n'est pas applicable dans la nouvelle version du protocole", estime toutefois cette principale d'un collège de La Rochelle, qui cite elle aussi l'interdiction de brassage des élèves. À l'instar de Stéphane Crochet, elle estime qu'elle posera problème sur des temps périscolaires tels que la cantine, ou encore lorsque les élèves circuleront.

"C'est une véritable gageure", estime la principale, qui salue toutefois un protocole "beaucoup plus pragmatique que la première version" qui avait été envoyée, "notamment la distanciation sociale qui n'était pas applicable dans les classes".

"C'est compliqué à mettre en oeuvre, à faire avancer. Donc nous allons évidemment avoir des difficultés à être prêts lundi matin", redoute Audrey Chanonat.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV