Ecole: où commence la violence verbale ?

Les parents d'élèves de la FCPE et les lycéens de l'UNL attaquent un récent décret rendant tout dérapage verbal dans les salles de classe passible d'une sanction automatique. Problème soulevé: à partir de quand une parole est-elle considérée comme violente ?

Exclusion temporaire, passage devant le conseil de discipline.... Au moindre dérapage verbal au collège ou au lycée, la sanction pourrait devenir automatique. C'est en tout cas ce que prévoit un décret publié en juin dernier par le ministère de l'Éducation nationale. Hier jeudi, la FCPE (Fédération des conseils des parents d'élèves) et l'UNL (union nationale lycéenne) ont attaqué ce décret devant le Conseil d'Etat. Les deux syndicats contestent le caractère automatique de la procédure disciplinaire.
Mais ils dénoncent surtout l'utilisation de la notion de violence verbale, trop floue et « ouvrant la porte à des conceptions aléatoires suivant les établissements ».

« En fonction de l'endroit d'où vient un jeune, ses mots ne veulent pas dire la même chose »

« Est -ce que dire bonjour sur un ton bizarre est une violence verbale au même titre qu'insulter un professeur ? », s'interroge le président de l'UNL, Victor Colombani. Alexandre Durand, professeur en Arts plastiques en ZEP, confirme la relativité de la faute: « En fonction de l'endroit d'où vient un jeune, ses mots ne veulent pas dire la même chose. Les actes verbaux de certains élèves peuvent être immédiatement interprétés comme une agression verbale par un enseignant, alors que le jeune ne voulait absolument pas être agressif ».
Néanmoins, pour Claire Mazeron, vice-présidente du Syndicat national des lycées et collèges, ce décret est nécessaire. « Il est certain que dans les établissements sans problème particulier, ce type de sanction n'est pas nécessaire. Mais dans des établissements où on laisse passer beaucoup de choses par peur ou par démission, c'est absolument indispensable. On y pratique trop facilement la culture de l'excuse ».