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Des profs qui enseignent sans formation

Jusqu’à maintenant, pour devenir prof il fallait obtenir le concours d’accès à l’IUFM

Jusqu’à maintenant, pour devenir prof il fallait obtenir le concours d’accès à l’IUFM - -

Peut-on enseigner sans avoir reçu une formation pédagogique ? C’est en tous cas ce que vont faire dès cette rentrée, 16.000 nouveaux enseignants. Témoignages et débat.

Conséquence de la réforme de la formation des enseignants qui entre en application cette année : 16.000 nouveaux enseignants du secondaire [c'est-à-dire à partir de la 6e] vont se retrouver dans quelques jours, directement en poste, en charge d’une classe, devant des élèves, sans avoir été formés au métier d’enseignant. Jusqu’à maintenant, pour devenir prof il fallait obtenir le concours d’accès à l’IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres), puis suivre une année de formation dans cet institut. Mais cette année, les étudiants qui ont obtenu leur concours au printemps dernier ne suivront pas de formation à l’IUFM.
Formation indispensable ou superflue ? Parent d'élève(s) ou vous-même enseignant, dites-nous ce que vous pensez de ce changement, dans le forum ci-dessous !

« J’ai peur de ne pas être prête »

C'est le cas de Léa, 24 ans, qui enseigne la physique-chimie dans un collège parisien pour la première fois cette année. Stagiaire, pas encore titulaire, Léa devra pourtant s'occuper de 7 classes différentes. Une première rentrée qu’elle appréhende : « J’ai peur de ne pas être prête, de ne pas savoir gérer la classe… J’espère quand même que ça se passera relativement bien. »

Julien, 24 ans, prof d'histoire-géo, fait lui aussi cette année sa première rentrée, dans un lycée d'un quartier sensible de Seine-Saint-Denis. Sans expérience ni formation, il reste cependant optimiste : « ce sera sans doute difficile, notamment sur des questions de discipline. Mais j’apprendrais sur le terrain. »

« Un engagement qui s’apprend sur le terrain »

Un argument que reprend d’ailleurs Gérard Longuet, président du Groupe UMP et rapporteur du budget de l’enseignement au Sénat : « ces nouveaux enseignants ont reçu une formation dans les matières qu’ils vont enseigner. C’est vrai que les stages sont importants et une formation pédagogique est utile, reconnaît-il avant d’ajouter : Il y a une sorte de savoir-faire inné, une sorte de passion, un engagement personnel, qui de toute façon s’apprend sur le terrain. »

« Une conception si étriquée du métier, c’est dramatique »

Mais pour Thierry Cadart, secrétaire général du syndicat SGEN CFDT, ces nouveaux enseignants n’ont pas les savoir-faire nécessaires pour se retrouver devant des élèves : « Certains collègues vont craquer, prévient-il. On les envoie au casse-pipe. Il y a aussi une idée assez largement répandue que finalement, pour faire un bon enseignant il suffit d’une certaine bonne volonté. Avoir cette conception aussi étriquée du métier, qui débouche sur cette absence de formation, au regard des enjeux de l’éducation, c’est assez dramatique ».

La Rédaction, avec A. Perrin et B. Salliot