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Des experts de l'Éducation nationale alertent sur l'"énorme déficit" en maths des élèves à l'entrée en 6e

Un élève de CM2 (photo d'illustration)

Un élève de CM2 (photo d'illustration) - Fred Dufour - AFP

Le Conseil scientifique de l'Éducation nationale a publié une note d'alerte dans laquelle elle souligne l'"inquiétante mécomprehénsion des nombres et surtout des fractions" de la part des élèves entrant en 6e.

"Confusion" et "incompréhension". Dans une note d'alerte publiée cette semaine, le Conseil scientifique de l'Éducation nationale (Csen) a livré les résultats d'une étude annuelle montrant que les élèves français entrant en 6e avaient toujours un "énorme déficit" en "compréhension des nombres, et particulièrement des fractions".

"À l'entrée en 6e, la plupart des élèves ignorent le sens des fractions les plus simples", ont constaté les membres du groupe de travail "Évaluations et interventions" du Csen.

L'étude témoigne à nouveau de "l'urgence d'une action énergique pour améliorer le niveau de tous les élèves français en mathématiques".

Test de la ligne numérique

Depuis trois ans, la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) évalue près de 6000 enfants représentatifs des élèves français entrant en 6e. Pour ce faire, elle leur propose le test de la ligne numérique qui consiste à "placer différents nombres sur une ligne numérique graduée".

Selon les résultats de l'enquête, seuls 22% placent correctement la fraction 1/2 sur une ligne graduée de 0 à 5, et 6% réussissent à placer 3/6. Au lieu de placer correctement 1/2, les élèves confondent principalement avec 1, 1,2, 1,5 ou encore 2. "Les erreurs des élèves révèlent une vaste confusion entre les différents types de nombres", analyse la note d'alerte.

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Ces erreurs ne varient pas excessivement selon les milieux des élèves. Les enfants dans les Réseaux d'éducation prioritaire (REP) se trompent à 85%, contre 75% pour les écoles privées par exemple. Il y a toutefois des disparités de genre puisque parmi les 20% des meilleurs élèves au test, deux tiers sont des garçons.

Pas d'évolution

Contrairement aux enquêtes internationales de Pisa ou TIMMS, évaluant le niveau en mathématiques des élèves des pays de l'OCDE, cette étude est annuelle et met en valeur l'absence d'évolution positive depuis trois ans avec des données "pratiquement superposables".

Plus inquiétant encore, le Csen affirme que le "déficit de compréhension continue de s'observer tout au long de la scolarité". "Les élèves de lycée pro ont des performances proches des élèves de 6e, et les élèves en CAP font encore plus d'erreurs que les 6e, y compris avec les nombres décimaux", affirme l'étude.

En fin d'année dernier, le président du CNRS Antoine Petit avait jugé "très préoccupante" la situation des mathématiques en France, s'appuyant sur le niveau insuffisant des élèves français dans l'enquête internationale Pisa et la pénurie d'enseignants dans cette matière.

Ancien ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye avait mis au point un plan en janvier pour renforcer l'enseignement des maths. C'est pourquoi il avait décidé de lancer, dès cette rentrée, des évaluations de début de CM1, comme cela peut se faire en CP ou CE1.

L'objectif est "d'objectiver les difficultés de chaque élève dès le début de l'année scolaire" pour "se projeter avec confiance vers le collège", a expliqué son successeur Gabriel Attal.

Théo Putavy