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Déconfinement: une réouverture des établissements scolaires en demi-teinte

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aa - SEBASTIEN BOZON / AFP

Si l'ensemble des écoles, collèges et lycées sont appelés à rouvrir leurs portes, les syndicats d'enseignants estiment, qu'en raison du protocole sanitaire strict en vigueur dans les établissements, l'accueil de tous les élèves sera impossible.

Dès la semaine prochaine, les écoles et collèges vont rouvrir, dans le cadre de la phase 2 du déconfinement détaillée jeudi par le Premier ministre. Ce qui ne veut pas dire, loin de là, que tous les élèves pourront y être accueillis puisque le protocole sanitaire en vigueur n'est pour le moment pas allégé.

A partir du mardi 2 juin, "toutes les écoles seront ouvertes et donc, toutes les communes qui n'ont pas encore ouvert leurs écoles ouvriront... au moins sur une partie de la semaine", a ainsi annoncé lors d'une conférence de presse conjointe le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer qui a rappelé que la réouverture des établissements scolaires était "une urgence sociale".

Tous les collèges rouvriront également. Mais en zone orange (Île-de-France, Guyane et Mayotte), ils n'accueilleront prioritairement que les sixièmes et les cinquièmes, a-t-il précisé aux côtés d'Edouard Philippe.

Actuellement, plus de 80% des écoles ont été rouvertes. Mais elles n'accueillent que 22% des écoliers français. En zone verte, 95% des collèges ont rouvert, avec 28% des collégiens de sixième et cinquième accueillis.

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Un protocole sanitaire encore très strict

"Après cette amorce du mois de mai nous devons arriver à une amplification au mois de juin", a affirmé Jean-Michel Blanquer. Celle-ci se fera toutefois "dans le respect du protocole sanitaire". Or celui-ci est particulièrement strict: il cumule une multitude de contraintes comme le respect d'une distance minimum d'un mètre entre élèves ou des effectifs limités à 15 enfants par classe en primaire.

Si le ministre a assuré que toutes les familles qui le souhaitent devront pouvoir scolariser leurs enfants, au moins sur une partie de la semaine, la secrétaire générale du Snuipp-FSU, le premier syndicat du primaire, "craint qu'on ne puisse répondre aux préoccupations des familles, qui doivent retourner travailler et donc remettre leurs enfants à l'école".

"La plupart du temps, on va devoir leur dire que ce n'est pas possible car nous ne pouvons pas assouplir le protocole sanitaire", ajoute Francette Popineau, qui estime que "les enseignants n'ont pas de baguette magique".

Une situation "explosive"

"La situation des parents risque de devenir explosive en juin", alerte quant à lui Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, dans les colonnes du Monde. A Paris, la demande des familles se fait "de plus en plus pressante", reconnaît Patrick Bloche, l'adjoint de la mairie en charge de l'éducation.

"On va pouvoir ouvrir des classes supplémentaires et accroître le nombre d'élèves, souvent inférieur à 15". Mais en raison du cadre contraint du protocole sanitaire et d'écoles souvent exiguës, "on ne pourra jamais aller au-delà de 40% d'enfants accueillis", assure-t-il.

Dans les collèges, la problématique est la même. "Les capacités maximum d'accueil vont être très vite atteintes", prévient Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN (syndicat des chefs d'établissement) et proviseur d'une cité scolaire à Vincennes. 

Sans compter qu'il s'était par exemple organisé pour accueillir de nouveaux élèves en "croisant les demandes des familles et les publics prioritaires". "L'idée de devoir potentiellement faire revenir tout le monde change considérablement la donne", dit-il. "Je ne sais pas comment je vais faire."

Des activités complémentaires

Le ministre de l'Education semble miser sur le développement d'activités "sport, santé, civisme et culture (2S2C)" par les collectivités locales, pour permettre un accueil complémentaire des enfants en-dehors du cadre scolaire.

Pour le moment, seule une centaine de communes ont signé une convention pour leur mise en place, affirme Agnès Le Brun, porte-parole de l'Association des maires de France (AMF), en charge de l'éducation.

"Il ne faut pas oublier qu'on est dans un entre-deux électoral et que les communes n'ont que très peu de temps pour mettre en place ce dispositif, qui va rester très aléatoire", pense-t-elle.
Mélanie Rostagnat avec AFP