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Controverse sur un manuel scolaire de sciences

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PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste et le syndicat Unsa-Education s'élèvent mercredi contre l'initiative de 80 députés UMP réclamant le retrait...

PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste et le syndicat Unsa-Education s'élèvent mercredi contre l'initiative de 80 députés UMP réclamant le retrait d'un manuel de sciences de la classe de première dont ils contestent un chapitre sur l'identité sexuelle des individus.

Les élus, dont plusieurs députés de La Droite populaire, ont écrit au ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, pour lui demander de retirer un manuel Hachette de "SVT" (Sciences et vie de la terre) dont le chapitre 9, intitulé "Devenir femme ou Homme - Vivre sa sexualité", aborde la théorie du genre.

La "théorie du gender", apparue aux Etats-Unis dans les années 70, avance que masculinité et féminité sont des constructions sociales.

"Selon cette théorie, les personnes ne sont plus définies comme hommes et femmes mais comme pratiquants de certaines formes de sexualité: homosexuels, hétérosexuels, bisexuels, transsexuels", écrivent les députés.

Il s'agit selon eux d'une "théorie philosophique et sociologique qui n'est pas scientifique".

Les signataires ont reçu mercredi le soutien du secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé.

Dans le manuel en question, il est écrit que "le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle" mais que "ce n'est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin".

"Cette identité sexuelle, construite tout au long de notre vie, dans une interaction constante entre le biologique et contexte socio-culturel, est pourtant décisive dans notre positionnement par rapport à l'autre", poursuit le manuel.

"RÉTROGRADE"

Pour le Parti socialiste, "cette tentative de députés est inacceptable sur la forme comme sur le fond".

"Sur la forme, il n'appartient pas au pouvoir politique de déterminer le contenu des manuels, mais aux autorités scientifiques qui en sont chargées", dit-il dans un communiqué.

"Sur le fond, la droite montre une nouvelle fois sa vision totalement rétrograde des identités de genre. Cette volonté acharnée de masquer le caractère construit, culturel, social du genre féminin et masculin, de nier la diversité des identités sexuelles ne fait que révéler le refus de la droite des libertés individuelles et notamment sexuelles", ajoute-t-il.

L'Unsa-Education s'indigne pour sa part de "cette démarche dogmatique qui prétend imposer une conception aux antipodes de ce que reconnaît le droit français en termes de respect - et non de simple tolérance - de l'orientation sexuelle de chaque individu".

Jean-François Copé estime au contraire que les 80 députés "posent une vraie question".

"Ce n'est pas aux responsables politiques d'écrire les manuels scolaires, chacun son métier. Mais on est là en revanche pour fixer des principes, poser des questions", a-t-il expliqué mercredi lors d'un point de presse.

"Ce qui est profondément choquant dans cette affaire, c'est que la théorie du genre (...) soit présentée comme une vérité scientifique alors que ça ne l'est pas", a-t-il poursuivi.

"C'est comme si on présentait dans les manuels d'économie la théorie marxiste comme une vérité scientifique alors que ce n'est qu'une théorie".

Sophie Louet avec Elizabeth Pineau