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Ces modifications de l'orthographe qu'on a déjà oubliées

Une élève dans une école primaire, septembre 2014

Une élève dans une école primaire, septembre 2014 - Fred Dufour - AFP

Les préconisations de l'Académie française en matière d'orthographe font beaucoup de bruit... pour rien. Ce n'est pas la première fois que cette question fait s'insurger les spécialistes et tous les autres.

La prochaine généralisation dans des manuels scolaires d'une réforme facultative de l'orthographe a secoué la France ce jeudi. Pourtant, Najat Vallaud-Belkacem n'a lancé aucune réforme de l'orthographe. Il s'agit de règles que l'on peut, ou pas, appliquer, approuvées par l'Académie française... il y a 26 ans! Certains éditeurs ont simplement décidé de mettre à jour leurs manuels à la rentrée 2016. 

Mais sur ce sujet, le débat passionné est quasiment un automatisme. Et l'argument principal est toujours le même: la crainte d'un nivellement par le bas... alors que le niveau général de maîtrise orthographique ne cesse de baisser. Pourtant les modifications qui irritent tout le monde aujourd'hui sont anecdotiques par rapport aux révolutions orthographiques qui ont eu lieu entre les XVIIe et XXe siècles.

Une réforme pas très marquante

Vers 1650, par exemple, les consonnes muettes à l'intérieur des mots disparaissent puis les imprimeurs distinguent le "i" du "j" et le "u" du "v", comme le rappelait l'enseignant André Chervel dans les colonnes du Monde en 2008. Poictrine devient poitrine, escrire devient écrire, cognoissance se transforme en connaissance et iestois en j'étais. Si plusieurs versions du même mot peuvent coexister pendant un moment, c'est souvent la graphie la plus simple qui finit par s'imposer, explique le professeur. 

En 1835, le pluriel des mots est simplifié. Jusqu'alors, on parlait d'un enfant mais de deux enfans, d'une dent mais de plusieurs dens...

En 1977, un décret autorise l'utilisation d'accents graves à la place de certains accents aigus (événement ou évènement) et l'absence de traits d'unions pour certains mots (arc en ciel et nouveau né par exemple).

En 1990, le Conseil supérieur de la langue française confirme la possibilité de supprimer certains traits d'union (portemonnaie, portefeuille), abandonne l'accent circonflexe obligatoire sur d'autres, règle certaines anomalies et francise certains mots empruntés (des imprésarios).

Une guerre éternelle

Et c'est en fait dès les années 90 qu'éclate la "guerre du nénufar", comme le rappelle Slate. L'avocat Jacques Vergès et le dessinateur Wolinski critiquent alors "les technocrates sans âme et sans pensée qui ont osé profaner notre langue". En 1991, l'Académie doit même rappeler que les deux orthographes sont en usage, sans réussir à convaincre les Français, qui n'appliqueront jamais vraiment ses nouvelles recommandations.

"Dans l'enseignement, aucune des deux graphies (ancienne ou nouvelle) ne peut être tenue pour fautive", précise encore en 2012 un bulletin de l'Education nationale. La mise au point de la ministre de l'Education expliquant ce jeudi que l'accent circonflexe ne disparaît pas a comme un air de déjà vu...

A. D.