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Carte scolaire: une mère de famille du 93 raconte comment elle a contourné la règle

La carte scolaire devrait être modifiée à la rentrée 2016 dans certains départements.

La carte scolaire devrait être modifiée à la rentrée 2016 dans certains départements. - Franck Perry - AFP

Fatima El Haddaj vivait à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, lorsque ses deux fils ont eu l'âge d'aller au collège, il y a dix ans. Elle les avait alors domiciliés chez son patron, qui vivait à Paris. Témoignage.

Après la réforme du collège, Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Education, s'attaque à un autre dossier difficile: la carte scolaire. Dès la rentrée prochaine, elle veut permettre aux familles d'avoir plus de choix dans le collège souhaité pour leurs enfants, en élargissant les critères pour favoriser une plus grande mixité sociale

Une mixité qui a manqué à Fatima El Haddaj. Cette mère de famille, contactée par BFMTV.com, a trois enfants: un fils de 26 ans qui vient de signer son premier CDI d'ingénieur dans une grande entreprise, un autre fils de 22 ans qui poursuit des études dans une école supérieure, et une fille de 14 ans, en classe de 3e. Lorsque son premier enfant est rentré en classe de 5e, dans une ZEP, les El Haddaj habitaient alors à Bobigny, en Seine-Saint-Denis.

"Il y avait trop d'absentéisme des professeurs, et justement pas assez de mixité sociale. J'ai donc triché pour permettre à mon fils d'aller dans un collège parisien, où le niveau était meilleur. Mon patron, qui possède plusieurs biens immobiliers, a accepté de mettre temporairement mon nom sur l'un des baux pour avoir une quittance de loyer et une facture d'électricité à notre nom", explique-t-elle à BFMTV.com. 

"En ZEP, les élèves sont moins poussés vers l'avant"

Son fils a alors poursuivi ses études dans un collège à Paris, puis au prestigieux lycée Racine, dans le 8e arrondissement. A chaque fois, Fatima El Haddaj ne s'est pas cachée de sa fausse domiciliation. "Après deux ou trois mois, j'ai expliqué au proviseur parisien que nous habitions en réalité en banlieue. Nous avons fait pareil pour mon second fils. Notre démarche a été très bien perçue et comprise, et mes enfants sont restés", relate-t-elle.

Elle est aujourd'hui convaincue que ses deux fils n'auraient pas eu le même parcours brillant en restant dans les collèges et lycées où ils auraient dû être affectés. "Il faut que les gamins de banlieue puissent voir autre chose, et ne soient pas qu'entre eux, sans mixité. Dans ces établissements en ZEP, les élèves sont beaucoup moins soutenus et poussés vers l'avant", estime-t-elle. 

Le privé, l'autre option en banlieue

Le choix d'envoyer ses deux premiers enfants à Paris n'a pourtant pas été aisé. "C'était difficile pour moi de les voir se lever aux aurores pour prendre le RER. Si j'avais trouvé de bons établissements autour de chez nous, je n'aurais pas hésité un seul instant à les laisser scolarisés là-bas". 

Car Fatima El Haddaj, qui habite aujourd'hui à Drancy avec sa famille, ne rejette pas du tout la banlieue en bloc. "Mes deux fils ont toujours côtoyé des enfants de banlieue, comme eux, et continuent encore aujourd'hui à faire du hip-hop." Pour sa fille, âgée de 14 ans et en classe de 3e, Fatima El Haddaj ne souhaite pourtant pas l'envoyer à Paris. "Elle est trop jeune et trop fragile pour aller si loin", explique-t-elle. Elle et son époux ont donc opté pour une autre option: le privé, à Aulnay-sous-Bois, non loin de chez eux.