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Baccalauréat 2022: faut-il reporter les épreuves de spécialité de mars au mois de juin?

Les premières épreuves de spécialité du nouveau baccalauréat sont annulées au profit du contrôle continu en raison de la crise sanitaire en 2021.

Les premières épreuves de spécialité du nouveau baccalauréat sont annulées au profit du contrôle continu en raison de la crise sanitaire en 2021. - MARTIN BUREAU © 2019 AFP

Les associations de professeurs évoquent un calendrier "intenable" et une année rendue difficile par les absences régulières d'enseignants et d'élèves tenus à l'isolement en raison du Covid-19.

L'inquiétude grandit du côté de certains enseignants et lycéens. Incertains de réussir à finir l'étude des programmes à temps, des professeurs demandent le report des épreuves de spécialité du baccalauréat, prévues en mars, pour le mois de juin. Le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer doit rencontrer à ce titre le Conseil national de la vie lycéenne cette semaine.

"On a les yeux rivés sur le calendrier et au fur et à mesure on voit des élèves décrocher", s'alarme dans Libération Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, qui demande également un report des épreuves.

Des enseignants de spécialité évoquent un "problème structurel" dans un communiqué commun publié le 12 janvier. Selon eux, "le calendrier induit par le nouveau baccalauréat est intenable" et les épreuves de spécialité du baccalauréat prévues en mars "arrivent trop tôt dans l'année".

Ils dénoncent également une année scolaire difficile en raison du contexte pandémique. "La composition des classes et des groupes change constamment et rend l’enseignement chaotique, élèves et professeurs étant contaminés et contraints à l’isolement", assurent les enseignants signataires.

14 associations de professeurs spécialistes ont signé le communiqué, dont l'association des professeurs de biologie et de géologie (APBG) et l'association des professeurs d'histoire et de géographie (APHG).

Une "discontinuité pédagogique" après deux ans de pandémie

Deux ans de pandémie ont causé des dégâts sur la scolarité des futurs bacheliers, d'après les syndicats. "On a récupéré des élèves en début de terminale qui ne sont pas forcément allés au bout des programmes. Il y avait déjà pas mal de fragilités", explique Sophie Vénétitay qui note une "discontinuité pédagogique".

Même son de cloche du côté des lycéens. "Beaucoup d’élèves sont absents et aucune solution n'est proposée par le ministère pour bien rattraper les cours", dénonce Colin Champion, président de la Voix lycéenne, dans Le Parisien évoquant "une rupture d’égalité entre ceux qui sont isolés à cause du covid, et les autres".

Selon une enquête de l'Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses) sondant 22 % des enseignants de la discipline sur la préparation de ces épreuves de spécialité, "seulement 7 % des professeurs sont dans l'avancement qui permettrait de traiter le programme normalement", d'après Benoît Guyon, son co-président.

Une situation préoccupante qui conduit certains élèves à ne plus respecter le protocole d'isolement. "Certains profs ont vu des élèves venir seulement en cours de spécialités alors qu’ils étaient symptomatiques ou en attente de test car ils ne voulaient surtout pas louper une heure", assure Sophie Vénétitay.

Blanquer pas fermé à cette éventualité

Des voix discordantes se font cependant entendre chez certains représentants lycéens qui se déclarent plutôt favorables à un aménagement des épreuves. "Reporter ces épreuves en juin, c’est ajouter du stress et de la pression", assure Ruben Carius, président de l’organisation Les Lycéens!. Son organisation demande un dédoublement des sujets et une semaine balisée pour se préparer aux épreuves.

"Un report en juin risque de poser des problèmes de calendrier et d’aboutir à une surcharge de travail", s'inquiète pour sa part Alexis Torchet, secrétaire national du Sgen-CFDT dans le JDD.

Le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a annoncé jeudi dernier qu'il allait consulter le Conseil national de la vie lycéenne pour "voir s'il est opportun d'avoir un report des épreuves".

Vendredi, le ministre a en revanche rejeté sur FranceInfo la possibilité d'un recours au contrôle continu, comme cela avait été le cas l'année passée. "Il y a plutôt un enjeu sur la date", a indiqué Jean-Michel Blanquer qui "espère qu'on pourra être le plus près possible de l'organisation normale du baccalauréat".

Chez les enseignants, on souhaite qu'une décision sera prise au plus vite, "si possible avant la fin janvier", espère ainsi Sophie Vénétitay, qui s'exprime ici dans Le Parisien.

Juliette Desmonceaux