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Bac de français: vers l'abandon de l'écriture d'invention, une épreuve très décriée

Etudiants en plein examen

Etudiants en plein examen - Fred Dufour / AFP

L'écriture d'invention, épreuve du bac de français, pourrait être supprimée à l'occasion de la réforme du baccalauréat. Pour certains professeurs de lettres, elle est mal délimitée et grande pourvoyeuse de mauvaises copies.

Instituée en 2001, l'épreuve d'écriture d'invention, proposée aux côtés de celles du commentaire et de la dissertation au bac de français, pourrait bien disparaître lors des prochaines éditions de l'examen, biffée par la prochaine réforme du baccalauréat, explique Le Figaro. Le quotidien avance en effet qu'elle n'a pas les faveurs du ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, qui souhaiterait la voir remplacée par un second énoncé de dissertation. 

Un exercice aux formes très diverses

Sur le site du ministère, l'épreuve est décrite en longueur. Il est ainsi dit qu'elle a pour but de "tester l'aptitude à lire et comprendre un texte, à en saisir les enjeux, à percevoir les caractères singuliers de son écriture". Le texte ajoute: "Elle permet au candidat de mettre en œuvre d'autres formes d'écriture que celle de la dissertation ou du commentaire. Il doit écrire un texte, en liaison avec celui ou ceux du corpus, et en fonction d'un certain nombre de consignes rendues explicites par le libellé du sujet".

Concrètement, une fois à plat sur la table du lycéen, l'exercice peut prendre des formes très diverses, comme le récit d'une scène ou d'un événement "à la manière" d'un Gustave Flaubert, d'un Victor Hugo. Le sujet suivant a aussi été proposé: "A la manière des auteurs de ces romans, vous imaginerez le récit que pourrait faire un spectateur / une spectatrice d’une séance de cinéma qui l’aurait particulièrement marqué(e)." 

"Trop vaste" champ des possibles 

Joint par BFMTV.com, Jean-Rémi Girard, vice-président du Syndicat national des lycées et collèges (SNALC) se souvient d'un exemple plus étonnant, qui intimait en substance aux candidats de raconter "les paysages vus par un train durant son voyage". "C'est une épreuve ultra-inégale, très piégée, qui donne parfois de très mauvaises copies", affirme Jean-Rémi Girard. Parmi les torts de ces copies au niveau insuffisant, il pointe notamment la présence en nombre d'anachronismes.

Mais il ne s'agit de s'en prendre au niveau des candidats: "On leur demande de faire des choses qu'ils ne savent pas faire", dit-il. Selon lui, là où le commentaire et la dissertation reposent sur des méthodologies qu'il est possible d'inculquer aux élèves, l'écriture d'invention ouvre un "champ des possibles trop vaste": "Cette épreuve est strictement sans cadre", poursuit Jean-Rémi Girard. 

Quel est alors l'intérêt des élèves à se laisser entraîner sur une piste apparemment si glissante? "Les élèves vont se lancer là-dedans car ils ne se sentent pas à l'aise avec les autres épreuves et se disent qu'ils peuvent prendre l'écriture d'invention sans l'avoir vraiment préparée. C'est un faux sentiment de sécurité", analyse le dirigeant du SNALC. Celui-ci relève une dernière vertu à cette hypothétique suppression de l'écriture d'invention: "Ça poussera collègues et élèves à mieux préparer la dissertation". Dissertation, elle, appelée à demeurer l'épreuve-reine d'un bon nombre de cursus universitaires.

Robin Verner