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Allocations familiales: faut-il sanctionner les parents d'élèves violents?

Alors que le gouvernement envisage de couper les allocations aux parents des élèves violents, des associations de parents tout comme les syndicats de l'encadrement s'opposent à une mesure "improductive". Plusieurs ministres ont également fait part de leur scepticisme.

Supprimer les allocations familiales des parents d'enfants violents à l'école? La mesure n'est qu'une piste envisagée par le ministère de l'Éducation nationale mais fait déjà beaucoup parler. Pour les associations parentales comme pour les syndicats de l'encadrement, cette sanction serait "improductive".

Rodrigo Arenas, président de l'Association des Parents d'élèves adhérents (FCPE) a fait part de son scepticisme sur BFMTV ce jeudi matin:

“Cette mesure sous-entend qu'en supprimant les allocations familiales, il y aura un impact sur les budgets et donc que cela va inciter les parents tout d’un coup à devenir de bons parents. C’est une mesure inefficace. Ça veut dire, in fine que tous les enfants qui ne sont pas dans ces situations-là, leurs parents n’auraient pas de prise pour influer sur les enfants.”

"Système de double-peine"

Le rapport remis à Jean-Michel Blanquer cette semaine préconise une réponse graduée, allant du signalement aux autorités académiques, puis des avertissements aux familles, avant une éventuelle sanction sur le versement des allocations familiales si la situation n’évolue pas.

Mais pour le Syndicat des personnels de direction, les rapporteurs font fausse route. Cela instaurerait un "système de double-peine":

“Il n’y a pas de parents favorables aux écarts de comportements de leurs enfants. Il faut plutôt réfléchir à des mesures d’accompagnement”, estime Bruno Bobkiewicz sur notre antenne. 

Une décision interministérielle

Cette sanction est introduite dans un rapport remis cette semaine au ministère de l'Éducation nationale. Il en avait fait la demande à la suite de l'affaire du jeune homme qui avait braqué une professeure à Créteil, en octobre dernier. 

Mais son implication semble plus que délicate. D'abord, parce que les rapporteurs n'ont pas désigné d'autorité en charge de la suspension des allocations.

Surtout, parce que cette mesure doit être le fruit d'un consensus entre plusieurs ministères: l'Éducation nationale, l'Intérieur, la Justice et la Solidarité et de la Santé. Or, Nicole Belloubet et Agnès Buzyn ont déjà affiché leur opposition à cette mesure. 

Jean-Michel Blanquer a d'ailleurs précisé sur notre antenne qu'aucune décision de supprimer les allocations n'avait été prise et qu'il souhaitait plutôt regarder du côté d'autres pays tels que l'Angleterre ou la Suisse où "des mesures de responsabilisation étaient intéressantes".

"Si la famille a des problèmes il faut aider cette famille, mais si on observe des phénomènes d'encouragement ou qui cautionnent cette violence, il faut la sanctionner", a-t-il conclu, précisant que tout le monde devait être responsabilisé.

Véronique Fèvre avec Esther Paolini