BFMTV
Education

Acadomia ficherait illégalement ses clients et profs

-

- - -

La Commission nationale informatique et libertés (Cnil) adresse un avertissement à Acadomia, leader du soutien scolaire, pour des commentaires injurieux dans ses fichiers.

« Au regard du nombre de manquements constatés et de leur gravité », la Cnil a prononcé à l'encontre de la société Acadomia, leader du soutien scolaire, « un avertissement qu'elle a souhaité rendre public », précise la Commission nationale informatique et libertés.
De plus, la justice a été informée des manquements susceptibles de constituer des infractions pénales.

Des commentaires injurieux, tels que 'gros con', "mère salope"…

Cette société, spécialisée dans la mise en relation d'enseignants avec des parents d'élèves, a fait l'objet d'un contrôle en novembre 2009, précise la CNIL dans un communiqué. Or, ce contrôle a permis de relever la présence dans les fichiers d'Acadomia "de milliers de commentaires excessifs, voire injurieux, tels que 'gros con', 'cancer du poumon tant mérité' ou encore 'élève retourné en prison'", ajoute-t-elle. La Commission cite encore des expressions comme "mère salope", "gros crétin", "saloperie de gamin" ou "Parisien frustré", "sent le tabac et la cave".

Des infos sur les pathologies des clients et enseignants

Elle précise avoir également découvert des informations détaillées sur l'état de santé des élèves, parents et enseignants, tels que "hospitalisé en urgence pour une tumeur cancéreuse au cerveau de grade 3".
Or, s'il est "légitime" de tenir compte de contraintes d'ordre médical pour l'organisation de cours à domicile, la Commission "ne saurait admettre" l'enregistrement d'informations détaillées sur les pathologies touchant les clients ou les enseignants, a fortiori sans leur consentement.
En outre, la société enregistrait des informations sur des infractions et condamnations pénales supposées, sans les avoir vérifiées.

« Quel rapport entre ces infos et l’aide aux élèves ? »

Face à de telles « données sensibles, en référence à la vie sexuelle, à la santé des gens », le président de la CNIL, Alex Türk, s’insurge et interroge : « Est-ce le rôle d’une société comme Acadomia, chargée de participer à l’intérêt général en aidant les jeunes à améliorer leur niveau scolaire, est-ce utile et justifié, de faire de telles remarques dans leurs fichiers ? A l’évidence, non. […] Je ne pense pas que la direction d’Acadomia a décidé un jour de dire : nous allons prendre toutes ces informations. Je ne porte pas ce genre de jugement, je pense tout simplement qu’ils ont manqué de sérieux et ont été négligents dans le contrôle de ce que faisaient les salariés de la société en matière de tenue des fichiers. Parce que je ne vois vraiment pas ce que ça peut apporter de savoir qu’un élève a fait telle ou telle chose, pour l’aider à être reçu au baccalauréat. »

La Rédaction, avec Reuters