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4 jours d'école ou 4 jours et demi? Ce que dit la science sur les rythmes scolaires

Un enfant à l'école (illustration)

Un enfant à l'école (illustration) - TJENA

Fatigue, inégalités sociales, désynchronisation... Les chronobiologistes sont plutôt favorables à une baisse du taux horaire journalier et au passage donc à la semaine de 4,5 jours. Toutefois, ils se heurtent à des considérations sociales et économiques différentes.

C'est un débat éternel qui revient presque à chaque rentrée scolaire. Aujourd'hui, plus de neuf écoles sur dix sont repassées à la semaine de 4 jours, avec le mercredi en pause. Pourtant, en 2013, la réforme portée par Vincent Peillon entraînait un retour à la semaine de 4 jours et demi. Objectif: étaler les apprentissages sur 5 matinées, notamment pour favoriser la concentration des élèves.

Pourtant, en 2017, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer signe un décret permettant aux communes qui le souhaitent de revenir à la semaine de 4 jours. Promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron. Une décision qui apparaît à rebours des recommandations scientifiques.

Néfaste pour la concentration et la fatigue

La semaine de 4 jours est "une aberration pour tous les chronobiologistes", affirme Claire Leconte, experte des rythmes biologiques chez l'enfant, sur son site. Dans un rapport du Sénat dressant un bilan du passage à 4 jours et demi, est également souligné le "consensus scientifique sur le caractère préjudiciable de la semaine de quatre jours".

Selon les travaux de nombreux chronobiologistes, ce rythme irrégulier ne permet pas d'être en forme et, par conséquent, est néfaste pour la concentration et l'apprentissage des jeunes élèves. Les enfants apprendraient mieux le matin et de longues journées les fatigueraient inutilement.

"La semaine de 4 jours est propice à la disparition des heures d’enseignement d’éducation physique et sportive, d’éducation artistique (arts plastiques, musique) mais aussi des activités d’éveil (histoire, géographie, sciences)", ajoute dans ce sens l'Observatoire des rythmes et des temps de vie des enfants et des jeunes (ORTEJ).

Accroissement des inégalités

Par ailleurs, "accorder une demi-journée supplémentaire de congé n’est nullement profitable à des enfants livrés à eux-mêmes en dehors de l’école", poursuit l'ORTEJ.

En effet, les scientifiques expliquent que ce rythme accentue les inégalités entre les enfants. "Certains profitent pleinement de la libération du temps parce que le milieu culturel les environnant le permet. D’autres, faute d’encadrement familial, faute d’une politique socioculturelle accessible à tous, subissent le temps libéré et ont plus de mal à rentrer dans la logique scolaire lorsqu’ils reviennent en classe", écrit François Testu, professeur en psychologie à l'université de Tours.

Face à ces conclusions, l'Académie nationale de médecine est favorable à un étalement des jours de classe hebdomadaires sur 4,5 jours avec une durée quotidienne située entre 4 et 6 heures en fonction de l'âge. Comme le comprenait la réforme de 2013, l'après-midi serait consacrée à la mise en place d'activités périscolaires - sportives, culturelles et artistiques.

Mercredi matin ou samedi matin?

S'il semble y avoir un consensus autour de la semaine de 4 jours et demi, la question se pose de savoir s'il faut faire école le mercredi matin ou le samedi matin. Certains scientifiques pointent notamment du doigt l'effet négatif d'une coupure au milieu de la semaine (le mercredi). Toutefois, selon la majorité des chronobiologistes, c'est la coupure de deux jours durant le week-end qui peut s'avérer la plus néfaste pour les enfants.

Selon l'Académie nationale de médecine, les performances de mémoire des enfants sont plus élevées à la suite d'un week-end de 1,5 jour que de 2 jours. Après 2 jours, les enfants, particulièrement ceux en difficultés scolaires ou issus des milieux les plus fragiles, ont du mal à reprendre. En effet, avec deux jours d'interruption le week-end, la désynchronisation de l'élève est plus importante.

Il dort et se couche plus tard deux jours de suite et "est plus désynchronisé le lundi et le mardi matin que dans la semaine habituelle de quatre jours et demi", affirme l'Académie nationale de médecine.

Ainsi, les spécialistes préconisent l'école le samedi matin. C’est notamment bénéfique pour les enfants qui n’ont pas d’occupations le week-end. Toutefois, dans la société française, on s'est habitué à avoir le samedi de libre, ce qui rend d'autant plus compliquée une réforme.

Des considérations sociales et économiques

En effet, si les scientifiques semblent d'accord sur les bénéfices de la semaine de 4,5 jours, ce sont des raisons sociales et économiques qui expliquent en grande partie le retour à la semaine de 4 jours.

Par exemple, après la réforme de 2013, alors que le temps d'activité périscolaire est à la charge des municipalités, de nombreuses d'entre elles pointent leurs difficultés à les financer et à les organiser, malgré les aides de l'État. En outre, les critiques viennent également des enseignants, qui voient avec la réforme, leurs temps de présence et leur organisation personnelle beaucoup bouleversés.

Conséquence: l'Académie nationale de médecine déplore que l'enfant ne soit pas "au centre de la réflexion" autour de l'aménagement du temps scolaire. Même son de cloche du côté de l'ORTEJ, qui regrette que l'enfant soit "oublié" dans ce débat.

Salomé Robles