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Douze à quinze ans requis pour un hold-up en 1990

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COLMAR, Haut-Rhin (Reuters) - Douze à quinze ans de réclusion criminelle ont été requis, vendredi à Colmar, à l'encontre de Bernard Barresi, figure...

COLMAR, Haut-Rhin (Reuters) - Douze à quinze ans de réclusion criminelle ont été requis, vendredi à Colmar, à l'encontre de Bernard Barresi, figure présumée du grand banditisme marseillais, jugé pour l'attaque d'un fourgon de transport de fond le 1er mars 1990 à Mulhouse.

L'accusé, interpellé en 2010 après vingt ans de fuite, a reconnu devant la cour d'assises du Haut-Rhin avoir été présent à Mulhouse le jour des faits, mais pour rechercher des sacs de vêtements volés lors d'un cambriolage chez un repris de justice qui s'avérera être l'un des auteurs du hold-up.

Cet homme, qui a été condamné à douze ans de prison en 1994 pour cette affaire, est venu dédouaner à la barre Bernard Barresi, sans convaincre l'avocate générale.

"On a sa présence, on a le déroulement des faits, on a ce faux prétexte du cambriolage, on a ces fonds dont il ne peut justifier qui lui permettent depuis vingt ans de vivre sans travailler et de rouler carrosse", a résumé Madeleine Simoncello.

La 'cavale' de Bernard Barresi, qui vivait sous un faux nom entre la Corse et la Côte d'Azur, constitue également pour la magistrate une preuve de culpabilité.

"Pourquoi cette cavale, pour quelques blousons volés, alors qu'il n'avait rien sur son casier judiciaire ? Il aurait pris trois ou quatre ans assortis d'un sursis pour favoriser sa réinsertion", s'est-elle étonnée.

"Ce qu'il transportait dans ses sacs de voyages, ce n'était pas des vêtements mais des billets de banque", a-t-elle conclu.

Les six à dix malfaiteurs qui avaient bloqué sur une bretelle d'autoroute le fourgon convoyant les fonds de la Banque de France, avaient emporté 33,7 millions de francs, environ cinq millions d'euro, qui n'ont jamais été retrouvés.

ENQUÊTE "CALAMITEUSE"

Pas moins de trois avocats, pour la défense, ont mis en garde les jurés contre les risques d'une erreur judiciaire.

Me Pierre Bruno a contesté l'absence de travail réel de son client. Celui-ci n'était-il pas, sous un faux nom, "en contact permanent avec certains élus", en tant que négociateur sur des chantiers ? Des enquêtes sur des dossiers qui lui valent deux nouvelles mises en examen à Marseille en attestent.

"Est-ce qu'une coïncidence permet une condamnation ?", a poursuivi Me Jean-Yves Lienard, pour crédibiliser la thèse des sacs de vêtements volés.

L'avocat a souligné le contraste entre l'amateurisme apparent de cette opération et l'organisation quasi militaire du hold-up mené sans un coup de feu.

Il a tiré à boulets rouges sur l'enquête "calamiteuse" et les pressions exercées sur les témoins, façon de relativiser les déclarations de membres mulhousiens de la famille de Barresi, à qui il aurait confié sa participation à l'attaque.

Me Lienard a enfin rappelé que Bernard Barresi avait lui-même demandé que son ADN soit comparé aux empreintes génétiques relevées sur les scellés du vol, lors d'un supplément d'information ordonné en 1990.

L'analyse révèlera la présence de cinq ADN, dont une seule sera identifiée à celle d'un truand marseillais qui s'est évanoui dans la nature après avoir été invité à témoigner au procès. Aucune ne se rapportait à Bernard Barresi.

Gilbert Reilhac, édité par Gilles Trequesser