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Don des invendus en supermarché: ce qu'il reste à faire

Des bénévoles récoltent et trient des denrées alimentaires, l'an dernier.

Des bénévoles récoltent et trient des denrées alimentaires, l'an dernier. - -

Un député veut "forcer" les hypermarchés à distribuer les invendus encore consommables à des associations caritatives. Une pratique en réalité déjà très répandue. BFMTV.com fait le point.

Sur le papier, l'idée fait l'unanimité: Jean-Pierre Decool, député apparenté UMP, a déposé une proposition de loi, fin juillet, pour contraindre les grandes surfaces de plus de 1.000 m3 à donner leurs invendus alimentaires encore consommables aux associations caritatives, afin de réduire le gaspillage alimentaire, alors qu'1 Français précaire sur 2 ne mange pas à sa faim.

Ce texte "a été co-signé par 63 députés de tous les bancs de l'Assemblée. Il dépasse complètement les clivages politiques", se félicite l'élu, Jean-Pierre Decool, joint par BFMTV.com. "Cela semble tellement évident que l'on se demande pourquoi ça n'avait pas encore été fait!", poursuit-il avec enthousiasme. Mais en réalité, sur le terrain, la pratique existe déjà... et massivement.

Des bénévoles tous les jours à 7h du matin

"Tous les jours, à 7 heures du matin, nos bénévoles se présentent dans les hypermarchés pour récupérer des produits. Et de manière générale, les grandes surfaces jouent le jeu: nous avons collecté l'an dernier auprès d'eux 32.000 tonnes de denrées alimentaires, soit près de 64 millions de repas", explique à BFMTV.com Jacques Bailet, président de la Fédération des Banques alimentaires qui représente 5.300 associations (mais pas le Secours Populaire ou Les Restos du Coeur, qui elles aussi collectent des denrées dans les grandes surfaces, ndlr).

Même son de cloche du côté des enseignes: "On ne comprend pas très bien l'intérêt cette proposition de loi, même s'il est toujours bon de mener des réflexions sur ce thème. Notre collaboration avec les associations fonctionne déjà efficacement, que ce soit au niveau national ou dans le tissu local", observe, perplexe Emilie Tafournel, responsable qualité au sein de la Fédération des entreprises du commerce de la distribution.

Améliorer la logistique plus que la quantité distribuée

N'y a-t-il aucune marge de progression possible? "Si, on peut toujours mieux faire", reconnaissent en choeur associations et enseignes. Mais pas tant sur la quantité d'invendus distribuée. "Une grande surface jette en moyenne près de 200 tonnes par an, mais il s'agit de déchets, et non de produits consommables: des os de boucherie, des produits périmés...", précise Emilie Tafournel. Et si certains produits pas encore périmés ne sont pas collectés, c'est parce que les associations manquent parfois de moyens pour s'en occuper.

"Il ne suffit pas d'avoir de la bonne volonté: il faut également tout un savoir-faire pour trier les produits, les stocker, ne pas rompre la chaîne du froid quand il s'agit de viande par exemple, puis livrer ces denrées. Et certaines associations n'ont parfois pas les moyens pour cela...", reconnaît Jacques Bailet. De son côté, Emilie Tafournel ajoute: "Parfois, notre personnel en magasin prépare des invendus, mais ce jour-là, il n'y a pas de bénévole disponible pour les récupérer." Autre point améliorable, le don d'invendus dans les petites et moyennes surfaces, pas concernées par la proposition de loi.

Face à cela, le député Jean-Pierre Decool reconnaît que son texte est "évidemment amendable et perfectible". Il insiste sur l'importance d'inclure un volet sur "l'éducation alimentaire, pour prévenir le gaspillage", et acquiesce à l'idée d'aides financières qui seraient versées aux associations caritatives pour soutenir et améliorer la logistique de ces collectes. Et l'élu de lancer: "Pour une fois, ce serait de l'argent public bien utilisé!"

|||Que peut-on récupérer?

Les denrées alimentaires collectées par les associations doivent forcément respecter la DLC (date limite de consomation), indiquée par la mention "à consommer jusqu'au".

En revanche, les enseignes peuvent donner des produits dont la DLUO (date limite d'utilisation optimale) est dépassée, comme les biscuits, le riz ou les pâtes. Elle est indiquée par la mention "à consommer de préférence avant le".

Alexandra Gonzalez