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Société

Des « Visas entrepreneurs » pour attirer les investisseurs

Les entrepreneurs déjà installés en France appellent aussi à lever les freins administratifs pour les petites entreprises.

Les entrepreneurs déjà installés en France appellent aussi à lever les freins administratifs pour les petites entreprises. - -

François Hollande a annoncé la création de « Visas entrepreneurs » qui simplifieront les démarches des étrangers qui ont un projet et l’envie d’investir en France. Une réforme applaudie à gauche, mais pas forcément suffisante, répond-on du côté des patrons.

Des mesures pour donner un peu d'air aux entrepreneurs français, mais aussi aux talents étrangers. Lundi, devant un parterre de chefs d'entreprise, François Hollande a présenté ses réformes pour « promouvoir l'esprit d'entreprendre » en clôture des Assises de l'entreprenariat. Epargne, école, fiscalité : tout y passe. Mais les entreprises internationales sont choyées : pour inciter les créateurs étrangers de start-up à venir s'installer en France, le gouvernement prévoit de créer un "Visa entrepreneur", une sorte de pass pour les porteurs de projets innovants avec une procédure accélérée pour obtenir un titre de séjour à condition de pouvoir justifier d'un investissement minimum et d'un projet viable.

« N’ayons pas une vision cloisonnée »

Pour le député PS de Paris Jean-Marie Le Guen, ce sera un bon moyen d’attirer des créateurs d’emploi. « Notre pays a besoin d’entrepreneurs qui créent de la richesse et de l’emploi », affirme l’élu socialiste. « Les Français sont tout à fait capables de le faire, mais on sera encore plus forts et plus nombreux si des étrangers viennent sur notre territoire. N’ayons pas une vision d’une économie cloisonnée, surtout pour ces jeunes entreprises. Si nous sommes capables d’attirer de jeunes créateurs étrangers, nous serons aussi capables de retenir les jeunes créateurs français ».

« Du gadget »

« Tout ça c’est du gadget », répond pourtant Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne. Le président de Debout la République estime que « ce n’est pas parce que vous allez créer un visa que les entrepreneurs étrangers vont se ruer à investir dans un pays qui surtaxe les entreprises et qui a la monnaie la plus chère du monde et empêche d’exporter. Vous pouvez favoriser tous les visas de la terre, les entrepreneurs ne viendront pas pour perdre de l’argent ». Sans compter que pour lui, le gouvernement n’a pas les bonnes priorités. « Et est-ce qu’il ne serait pas bon déjà d’aider les Français à créer de l’emploi ? Je n’ai rien contre les étrangers, mais il y a tellement de Français au chômage qui rêvent de créer leurs emplois que c’est prendre le problème complètement à l’envers ».

« Il faut casser les freins »

Pierre-Henri Deballon, le cofondateur de Weezevent, une start up française qui embauche une vingtaine de personnes à Paris, applaudit le principe mais ne le juge pas suffisant. « On va les aider à venir, très bien, mais surtout ce qui est important, c’est toute la paperasse administrative », fait remarquer le jeune entrepreneur. « Aujourd’hui, le code du travail sur une start up comme la nôtre où on est une quinzaine est le même que dans un groupe comme Orange où ils sont 170 000, et du coup ce n’est pas adapté. La convention collective fait 300 pages, et si on va dans le détail, on se rend compte que c’est inapplicable dans les faits : mettre en place des élections de délégués du personnel et ainsi de suite, ce n’est pas l’esprit d’une startup. Faire venir des gens dans notre beau pays est une bonne chose, mais il faut aussi nous aider, casser tous les freins ».

M. Chaillot avec Juliette Droz et Jamila Zeghoudi