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Des inédits de Picasso ressurgissent 40 ans après

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PARIS (Reuters) - Les héritiers de Pablo Picasso ont porté plainte contre X pour recel après la découverte de 271 oeuvres du maître dont personne ne...

PARIS (Reuters) - Les héritiers de Pablo Picasso ont porté plainte contre X pour recel après la découverte de 271 oeuvres du maître dont personne ne connaissait jusque-là l'existence.

Ces tableaux, carnets et dessins des années 1900 à 1932 sont estimés à une soixantaine de millions d'euros, a indiqué lundi le service des affaires juridiques de la famille.

Le détenteur des oeuvres, un septuagénaire, ancien électricien du peintre à la fin de sa vie, assure qu'il s'agit d'un cadeau de l'artiste lui-même ou de sa femme Jacqueline.

Or, cette version d'un cadeau vertigineux, passé sous silence pendant quarante ans, laisse les héritiers, en particulier Claude Picasso, responsable de la Picasso Administration, sceptiques.

"Maintenant, il appartient au juge de décider, mais on a des questions, on veut connaître les circonstances de ces cadeaux", a expliqué à Reuters Télévision Claudia Andrieu, responsable des affaires juridiques.

"Est-ce Picasso lui-même qui a donné ces oeuvres ? Est-ce Jacqueline ? On n'a jamais la même histoire", ajoute-t-elle.

Claudia Andrieu justifie la plainte par la nécessité, dans un premier temps, de placer les oeuvres "sous protection."

Selon la responsable des affaires juridiques, l'ancien électricien avait lui-même pris contact par courrier, en janvier dernier, avec Claude Picasso, fils du peintre, en sollicitant des certificats d'authenticité.

La première lettre était accompagnée de 26 photos d'inédits supposés du peintre. D'autres clichés ont été envoyés par la suite, tous de mauvaise qualité.

OEUVRES TOTALEMENT INCONNUES

Claude Picasso a donc invité le septuagénaire et son épouse à venir lui présenter personnellement ces oeuvres, afin de pouvoir en évaluer l'authenticité.

Ce dernier s'est rendu dans la capitale en septembre avec son épouse. D'une valise, le couple a sorti la plupart des pièces. Toutes paraissaient authentiques.

"Claude Picasso a découvert des oeuvres totalement inconnues, c'était une grande surprise et un choc", raconte Claudia Andrieu.

Selon le journal Libération, qui a révélé l'information, l'ensemble remonte à la période 1900 à 1932, des années de misère du peintre arrivé d'Espagne jusqu'à la célébrité des grandes rétrospectives.

Les experts présents ce jour-là avec le fils du peintre ont estimé qu'aucun faussaire n'aurait pu parvenir à tel degré de maîtrise dans des techniques si différentes.

Parmi les oeuvres inédites se trouvent neuf collages cubistes d'une valeur estimée à une quarantaine de millions d'euros, une aquarelle de la période bleue, des gouaches, lithographies et des portraits de sa première épouse, Olga.

Pierre Le Guennec, 71 ans, avait travaillé comme électricien pour Pablo Picasso pendant les trois dernières années de la vie du peintre, mort en 1973, dans différentes résidences de la Côte d'Azur.

Les oeuvres ont été saisies le 5 octobre par l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels au domicile du couple à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes).

Claudia Andrieu insiste sur les "imprécisions" de Pierre Le Guennec, qui a "changé son histoire" entre le moment de sa visite à Claude Picasso et les versions ultérieures.

"Ici, il a affirmé que les oeuvres lui avaient été données en plusieurs fois, entre 1970 et 1973. Puis il a dit que ces oeuvres avaient été données en une seule fois dans un carton", explique-t-elle.

Sur RTL, Pierre Le Guennec a nié tout vol, expliquant qu'il s'était décidé à faire évaluer les oeuvres parce qu'il a connu des problèmes de santé, qu'il risquait de ne pas survivre et voulait clarifier la situation pour ses héritiers.

"Je me doute que cela doit avoir une certaine valeur. Mais ça ne m'a pas intéressé. Si cela m'avait intéressé, il y a longtemps que j'aurais essayé de les vendre", a-t-il dit.

Gérard Bon, avec Reuters Télévision, édité par Patrick Vignal