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Délit d'entrave: les accusations d'Aurore Bergé "sont fausses", selon le site IVG.net

Une manifestation pour la défense des droits des femmes en janvier 2015

Une manifestation pour la défense des droits des femmes en janvier 2015 - Lionel Bonaventure-AFP

Le site IVG.net a porté plainte contre Aurore Bergé, une élue LR des Yvelines qui accuse le site de désinformer les jeunes femmes souhaitant avorter. Marie Philippe, la directrice de la publication du site, crie à la diffamation.

Le bras de fer se poursuit. Le site IVG.net, mis en cause par Aurore Bergé, a porté plainte contre l'élue des Yvelines auprès du procureur de Versailles "pour diffamation par voie de presse". Marie Philippe, la directrice de la publication du site IVG.net, dénonce pour BFMTV.com "des procédés déloyaux indignes".

Il y a quelques jours, Aurore Bergé s'est fait passer pour une femme enceinte souhaitant avorter et a contacté le numéro vert proposé par le site. Elle accuse IVG.net de désinformer les femmes souhaitant interrompre leur grossesse et de les en dissuader. Elle a assuré à Europe 1 n'avoir eu "aucune information sur mes droits, sur un accès à un centre de planning familial".

"Par contre, à la fin de la conversation, je me suis dit que si j'avais recours à l'IVG je serais stérile, que mon couple ne tiendrait pas ou encore que je ne pourrais pas me remettre psychologiquement."

"Aurore Bergé a dénaturé la conversation"

Selon l'élue LR de Magny-les-Hameaux, l'écoutante qui lui a répondu lui aurait dit que "toutes les femmes ne peuvent pas avoir recours à l'IVG", que "les couples ne se remettent pas d'une IVG", que "l'IVG augmente considérablement les risques d'infertilité" et que "la plupart des femmes qui ont recours à la PMA ont d'abord eu une IVG". 

"J'ai dû dire dix fois dans la conversation que ma décision était prise, que je ne souhaitais pas cet enfant et que j'avais besoin d'information pour avoir accès à un centre d'IVG", a-t-elle déclaré à Rue 89.

Ce que dément Marie Philippe. "L'information qu'on a donnée était claire, précise, scientifique", a précisé la directrice de la publication du site à BFMTV.com. Elle assure que les accusations portées par l'élue sont "parfaitement fausses". "Aurore Bergé a dénaturé la conversation pour nous ridiculiser."

"Je n'ai jamais parlé d'infertilité"

Les conversations qui s'échangent via la plateforme d'appel ne sont pas enregistrées. Mais Marie Philippe assure que l'écoutante a pris des notes "précises" et les a conservées. "L'écoutante n'a jamais parlé de stérilité, on ne parle jamais de stérilité."

Ce qu'a confirmé l'écoutante pour BFMTV.com, qui assure être biologiste de formation. "Je n'ai jamais parlé d'infertilité, a indiqué Anne-Marie Lorrain. Je lui ai expliqué qu'une IVG pouvait augmenter les risques d'hypofertilité, que ça pouvait laisser un impact sur l'organisme." (Le ministère de la Santé assure qu'une femme ayant eu recours à une IVG peut retomber enceinte dès le mois suivant.)

"Je ne lui ai jamais dit que son couple exploserait, mais il peut y avoir des problèmes dans un couple après une IVG. Dans un couple, il y en a toujours un moins favorable à l'IVG. Si les choses vont mal, l'autre peut lui reprocher." 

"Ce site avance masqué, qu'ils assument"

Jeudi, l'Assemblée nationale a voté la proposition de loi socialiste sur le délit d'entrave numérique à l'IVG qui vise à pénaliser les sites de "désinformation" sur l'avortement. Selon Anne-Marie Lorrain: "la question de la partialité est complexe, cela dépend de beaucoup de conditions. Pour nous, il s'agit essentiellement d'informer des femmes en souffrance". Marie Philippe estime quant à elle que ce texte, "très flou", est "une atteinte à la liberté d'expression". "On va nous attaquer parce que notre discours est autre que celui du gouvernement."

Pour sa part, Aurore Bergé, qui ne souhaite pas s'exprimer davantage, assure à BFMTV.com maintenir ses précédentes déclarations. "Ce site avance masqué, cachant ses intentions militantes anti-IVG et jouant sur la vulnérabilité des jeunes femmes et femmes qui les contactent, a-t-elle déclaré à LCI. Qu'ils assument."

Céline Hussonnois-Alaya