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Société

Déclaré « décédé », il doit prouver son identité

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Un montpelliérain a perdu sa retraite et sa sécu suite à une procédure du tribunal de Paris qui l’a déclaré « décédé ». Une vraie histoire de mort-vivant.

André Poirier, 69 ans, est décédé pour l'administration mais pourtant bien vivant. Le 27 octobre 2007, un jugement du tribunal de Paris l'a déclaré définitivement « absent », ce qui pour l'administration signifie « décédé ». Depuis presqu'un an, André Poirier n'a donc plus d'existence légale : plus de remboursements par la sécurité sociale, plus de retraite, et pourtant l'homme a tous ses papiers.

A l'origine, une procédure avait été lancée par sa famille et un administrateur avait été nommé en 1987 pour régler des problèmes de succession, car André Poirier avait disparu. Il l'avoue lui même, il a voulu couper les liens avec son ex-femme et sa famille. Il a donc disparu sans donner de nouvelles et pendant toutes ces années il s'est notamment engagé dans la légion. Mais l'homme n'a jamais cherché à se soustraire ni à l'administration, ni à la justice. La procédure judiciaire ayant suivi son cours jusqu'au bout, il a donc été déclaré « absent » et a vu ses versements s'arrêter.

Il raconte la manière dont il a appris cette nouvelle incroyable : « Mon infirmière était là pour des soins, mon téléphone sonne, je décroche, un long silence... Et puis une voix de femme : « Monsieur Poirier ? Vous êtes bien Monsieur Poirier ? ». Elle insistait lourdement alors j'ai annoncé la couleur : « Poirier, né le 22 avril 1939 à Paris 15ème ». Elle m'a dit « C'est dommage parce que le tribunal vous déclare « décédé » ». J'ai cru que c'était un canular, j'ai pris ça pour une plaisanterie ».

Aujourd'hui, il doit se battre pour prouver qu'il est vivant : « Les conséquences, c'est qu'on m'a coupé ma retraite, je ne suis plus reconnu à la sécurité sociale, je ne peux plus me soigner. Le procureur de la République veut bien croire que je ne suis pas mort, mais il faut maintenant que je prouve que je suis bien André Poirier ! Mon avocat m'a dit d'essayer de récupérer le maximum de photos me concernant à des âges différents. Une chance que j'ai encore mes anciennes cartes avec mes photos d'identité de l'époque et l'adresse de l'époque ! Ca commence à être angoissant, c'est invraisemblable, je trouve ça complètement aberrant »

La rédaction et Annabel Roger