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Société

Début de la grève SNCF: un mardi noir en perspective pour les usagers

Les cheminots entament ce lundi soir une grève qui s'annonce très suivie. Si le trafic est annoncé "quasi normal" pour ce jour de retour de week-end de Pâques, il sera "très perturbé" dès mardi, a dores et déjà annoncé la SNCF.

Après le galop d’essai du 22 mars, les cheminots entament ce lundi soir une grève longue distance qui doit s’étendre jusqu’à fin juin pour contrer le projet de réforme de la SNCF.

Si les retours du long week-end de Pâques seront finalement épargnés avec un trafic "normal" ce lundi, contrairement aux mises en garde répétées de la SNCF, c'est une autre pièce qui va se jouer mardi matin pour les voyageurs et les usagers quotidiens des TER en régions, RER et Transiliens en Ile-de-France.

Avec près d'un cheminot gréviste sur deux (48% contre 35,4% le 22 mars) et jusqu'à plus de trois sur quatre chez les conducteurs (77%), selon les chiffres annoncés dimanche par la direction de l'entreprise ferroviaire, le trafic sera "très perturbé". Un mouvement qui se conjuguera dans les airs avec la quatrième journée de grève chez Air France, tandis que trois autres sont déjà programmées.

1 TGV sur 8, 1 TER sur 5

Sur les grandes lignes, la SNCF prévoit un TGV sur huit en moyenne, l'axe Sud-Est étant le plus impacté (un sur 10). Même chose pour les Intercités, dont sept lignes ne seront pas desservies

Sur les lignes régionales, un TER et un Transilien sur cinq sont annoncés. En Ile-de-France, la circulation des RER sera variable selon les axes, allant d'un train sur deux à un sur cinq. Certaines branches ne seront pas desservies. Des prévisions de trafic qui n'ont rien d'étonnant tant les quatre syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, SUD, CFDT) sont vent debout contre le projet de réforme du rail. Il "vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme idéologique", écrivent-ils dans leur préavis.

Une grève "décalée"?

Les remontrances de Guillaume Pepy ou de la ministre des Transports Elisabeth Borne, fustigeant une grève "décalée" ou "incompréhensible" au vu de la "concertation" engagée, n'y auront rien fait. Pas plus que l'annonce de la voie législative pour l'ouverture du rail à la concurrence, au lieu des ordonnances initialement envisagées. 

Malgré des modalités différentes, CGT, Unsa, SUD et CFDT sont tous lancés dans la bataille: une grève par épisode de deux jours sur cinq jusqu'au 28 juin pour la CGT, l'Unsa et la CFDT; une grève illimitée reconductible par 24 heures pour SUD-Rail.

Suppression de l'embauche au statut à la SNCF, ouverture à la concurrence ou encore transformation de la SNCF en société anonyme, prémices d'une future privatisation pour les syndicats, sont autant d'épouvantails à leurs yeux. Ils estiment aussi que le projet de réforme "ne règlera pas le sujet de la dette (46,6 milliards d'euros fin 2017 pour SNCF Réseau, ndlr), ni celui des dysfonctionnements".

Le gouvernement déterminé

Douze partis de gauche, dont La France insoumise, le PCF, Génération.s, EELV ou le NPA, leur ont apporté leur soutien contre "la casse de la SNCF", qui préfigure, selon eux, celle de tout le service public. En face, le gouvernement est tout aussi déterminé à tenir bon, voyant dans cette grève une "posture de blocage qui n'est pas justifiée", comme l'a dit Elisabeth Borne dimanche.

Mais pour la CGT, première force syndicale de l'entreprise, "le gouvernement et la direction seraient mieux inspirés d'ouvrir des négociations sur le fond". C'est-à-dire, a-t-elle expliqué, sur "ce qui conduit les cheminots à entrer dans l'action: l'avenir de la SNCF, sa pérennité et son développement".

Mardi, la tempête sociale ne s'arrêtera pas au rail: quatrième journée de turbulences chez Air France pour une augmentation de 6% des salaires, avant une cinquième samedi et deux prévues les 10 et 11 avril; appel à la grève de la CGT dans l'ensemble de la filière déchets (public et privé); préavis déposé dans le secteur de l'énergie aussi par la CGT et grogne des étudiants... La semaine s'annonce agitée pour le président Emmanuel Macron et son gouvernement.

P.L avec AFP