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Débats sur les accords passés et futurs avec les socialistes

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par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - La question des alliances commence à agiter les esprits au Parti socialiste, chez ses partenaires écologistes...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - La question des alliances commence à agiter les esprits au Parti socialiste, chez ses partenaires écologistes et les tenants de la gauche radicale, à 20 jours du premier tour d'une élection présidentielle que la gauche a des chances de gagner.

Pour l'heure, la ligne officielle du PS est claire: aucune "négociation cachée" avec le Front de Gauche -alliance du Parti communiste et du Parti de Gauche- et pas de remise en cause de l'accord passé avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV).

Une position contestée en coulisses à l'heure où le candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, est annoncé à plus de 15% des intentions de vote contre 2% pour la candidate EELV Eva Joly, hospitalisée dimanche.

Fidèle à sa réputation de trublion du PS, le député Arnaud Montebourg a critiqué le pacte de novembre réservant aux écologistes 63 circonscriptions -dont une vingtaine sont jugées gagnables, ce qui leur permettrait d'obtenir un groupe à l'Assemblée nationale.

Malgré ces premiers remous, direction du PS et d'EELV répètent qu'un contrat est fait pour être respecté.

"L'accord n'est pas caduc", a déclaré le porte-parole du PS, Benoît Hamon, lundi lors de son point de presse hebdomadaire.

"Les partis, quand ils signent des accords, ce n'est pas pour expliquer que d'une élection à l'autre les accords tombent parce que le résultat à l'élection présidentielle n'est pas conforme à l'idée que s'en faisaient les uns et les autres".

Très remonté contre Arnaud Montebourg, le sénateur EELV Jean-Vincent Placé considère qu'une remise en cause du texte "n'est pas un sujet".

"J'ai la signature de (la première secrétaire du PS Martine) Aubry et la parole (du candidat PS à la présidentielle François) Hollande", assurait-il ce week-end à la presse.

MÉLENCHON PARTENAIRE DEMAIN

Les problèmes de candidatures PS dissidentes -en opposition à un membre d'EELV ou un autre socialiste- concernent huit circonscriptions, dit-on au PS, où l'on ajoute : "Là où il y a problème, on se mettra autour d'une table et on discutera".

Le cas du Front de gauche, qui se sent pousser des ailes dans cette campagne, irrite visiblement le PS sans trop l'inquiéter au regard des sondages, qui laissent François Hollande autour de 28% au premier tour.

"Il n'y a aucune négociation cachée", assure Benoît Hamon.

François Hollande a rencontré le PCF Pierre Laurent pour solder la polémique liée à un article publié dans The Guardian, où le candidat socialiste évoquait la quasi disparition des communistes. Il n'a officiellement pas été question d'autre chose.

"On va grimper, et on va continuer à le faire, et c'est une très bonne nouvelle pour tout le monde", déclarait le n° 1 communiste ce week-end en marge d'un déplacement dans l'Essonne. "Il n'y a aucune crainte à avoir",

François Hollande, dont l'entourage assure qu'il n'a aucun contact avec Jean-Luc Mélenchon, qui a claqué la porte du PS en 2008, minimise le pouvoir de nuisance de ce dernier tout en appelant au "vote utile" au premier tour.

"Jean-Luc Mélenchon est un concurrent de premier tour mais c'est un partenaire demain pour diriger le pays à gauche", résume Benoît Hamon.

"Le plus important, c'est que le total à gauche est en train d'augmenter. Si Jean-Luc Mélenchon prend la place de (la candidate du Front national) Marine Le Pen, je ne vais pas me plaindre, c'est un bon signe pour la démocratie française".

LES ATTAQUES DE MÉLENCHON PÈSERONT

En 1981, quatre ministres communistes étaient entrés dans le gouvernement de Pierre Mauroy à l'invitation de François Mitterrand qui avait élaboré à gauche un programme commun.

Peut-on imaginer des ministres Front de gauche si François Hollande entre à l'Elysée? "Il peut y avoir des gouvernements qui comprennent toutes les composantes de la gauche", répond Benoît Hamon.

A l'heure de négocier, toutefois, les attaques nourries de Jean-Luc Mélenchon contre François Hollande pourraient peser.

"Ça ne peut pas être le résultat de l'élection présidentielle qui détermine tous les rapports de force", dit le porte-parole du PS. "Il est extrêmement important et il est clair que nous apprécierons, nous, les relations que nous aurons avec nos partenaires en fonction de cette élection, mais aussi en fonction de ce qui s'est passé auparavant".

Un autre responsable du PS analyse ainsi la stratégie du candidat du Front de Gauche :

"Pour Jean-Luc Mélenchon, la présidentielle n'est qu'une étape", croit-il savoir. "Son objectif est de construire (le parti allemand-NDLR) Die Linke en France, en vue d'autres échéances locales, européennes".

Avec Chine Labbé et Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse