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Société

Crise : les entreprises du bâtiment obligées de licencier ou de fermer

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Habituel gros pourvoyeur d'emplois, le bâtiment n'est plus épargné par la crise et le chômage. D'après la Fédération Française du Bâtiment, le secteur devrait perdre 35 000 emplois en 2012. RMC a recueilli les témoignages de chefs d'entreprises obligés de licencier et de mettre la clé sous la porte.

Quand le bâtiment va, tout va, dit le fameux adage. Sauf que, comme un symbole, le secteur du bâtiment fait grise mine. Pourtant réputé gros pourvoyeur d’emplois, le secteur doit lui aussi mettre des salariés au chômage. En cause : la forte baisse de l’activité à cause de la crise. Les carnets de commande sont moins remplis et les mises en chantier de logements neufs ont fortement baissé : moins 10,3% entre juin et août (chiffres du ministère du logement), et moins 19% sur un an. Du coup, les entrepreneurs sont obligés de licencier faute d’activité, ou à cause de la baisse de leur marge. D'après la Fédération Française du Bâtiment le secteur devrait perdre 35 000 emplois en 2012.

« Je n'ai aucune signature de marché pour l'année prochaine »

RMC a recueilli le témoignage d'un dirigeant d'entreprise de 15 salariés spécialisée dans le second œuvre (électricité, plomberie...). S'il souhaite rester anonyme, c'est qu'il sait qu'il va devoir licencier. « Je n'ai aucune signature de marché pour l'année prochaine, se désole-t-il. Ça va m’obliger à prendre des décisions dès maintenant pour éviter de faire tomber toute l'entreprise d'ici six mois. Je pense que je vais procéder à deux licenciements économiques d'ici la fin de l'année et peut-être deux autres l'année prochaine. Les boîtes d'intérim ont du personnel sur le dos. Nous, tous les matins on reçoit quatre ou cinq fax avec des propositions d'agences d'intérim qui cherchent à caser du monde. C'est plein de petites boîtes qui vont virer un, deux, trois ou quatre gars, et ça ne fait pas beaucoup de bruit alors qu’on en souffre ».

« Je n'ai pas pris de salaire depuis un an »

Il y a les entreprises qui licencient, et il y a celles qui sont obligées de mettre la clé sous la porte. Comme celle de Mourat Yilmaz, une PME familiale qu’il dirigeait avec son frère depuis 15 ans, à Nevers, dans la Nièvre. Une entreprise qui comptait encore 30 salariés il y a trois ans mais qui a vécu la crise de plein fouet jusqu'à la liquidation judiciaire et la fermeture définitive, ce mercredi 26 septembre. Un déchirement pour Mourat Yilmaz : « J'étais encore adolescent quand l'entreprise s'est montée. Humainement c'est dommage parce qu'il y avait quand même trente salariés. Ça fait mal au cœur de mettre trente personnes sur la paille. Il y en a qui ont un certain âge et qui ne savent plus aujourd'hui quelle voie ils vont prendre. Et je ne pense pas que cela va s'améliorer pour eux ». « J'ai l'impression, puisque j'ai été le bâtisseur de l'entreprise, de les avoir "trahis". Mais j'étais fatigué de lutter tout le temps. Tous les jours aller au charbon, essayer de trouver des clients. Moi-même je n'ai pas pris de salaire depuis un an », raconte Mourat Yilmaz au milieu de ses locaux vides et de ses machines à vendre.

La Rédaction avec Marie Dupin