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Société

Crise des déchets en Corse: l'île de Beauté croule sous les ordures

En Corse, les centres d'enfouissement des déchets ont été bloqués un à un ces dernières semaines, pour protester contre l'absence de solution dans la gestion des déchets, depuis la fermeture d'un des plus gros sites de l'île. Reportage.

Un beau ciel bleu enveloppe ce vendredi de septembre le port d'Ajaccio et ses bateaux de plaisance. Mais à quelques mètres de là, des poubelles s'amoncellent, pas de quoi embellir la carte postale. En effet, depuis le début de l'été, la Corse s'enfonce dans une crise d'ordures ménagères qui risque d'évoluer vers une crise sanitaire si un règlement n'est pas rapidement trouvé. Les habitants devant conserver chez eux leurs déchets. 

Fenêtres fermées nuit et jour

La commune a suspendu les collectes d'ordures jusqu'à nouvel ordre car les quatre centres d'enfouissement sont fermés. Des riverains, des habitants bloquent l'accès aux sites pour contester la nouvelle répartition des déchets depuis la fermeture du centre de Tallone, le plus important de l'île, arrivé à saturation. 

"Je suis obligée de fermer les fenêtres nuit et jour parce que l’odeur rentre dans les appartements", assure Jeannette au micro de BFMTV. Une semaine que les poubelles n'ont pas été ramassées dans son village.

Les trois autres sites, bien plus modestes, ont vu leurs tonnages exploser et avec eux les nuisances. Les habitants sont furieux: "Il y a des risques sanitaires, économiques, écologiques… Tout trinque! La nature, nous! On a choisi de vivre ici, on est là depuis toujours. On voudrait vivre sereinement mais là ils sont en train de nous assassiner!", tonne Antoinette, qui vit à Vico, un village situé à une cinquantaine de kilomètres au nord d'Ajaccio.

"Mon activité économique est détruite"

Quant à Jean-Luc, en quelques mois, il a vu sa vie bouleversée. "Je suis berger avec des agréments bio en maraîchage et en lait. Aujourd’hui, je vais perdre mon agrément bio parce qu’il y a un point noir écologique important dans la région. Mon activité économique est détruite, mon projet de vie est anéanti", déplore-t-il.

Pour l'heure, aucune sortie de crise. Les tables rondes se succèdent, sans résultat. Une réunion d'urgence s'est achevée jeudi soir à Corte sans parvenir à un accord et les participants se retrouveront vendredi à Ajaccio.

Pourtant, une solution existe parmi tous ces détritus qui jonchent les rues. Les cartons, les bouteilles en plastique... autrement dit des déchets valorisables, recyclables, qui eux continuent d'être collectés.

"Le tri fait partie de la solution. Et actuellement, je pense que c’est la seule solution à mettre en place rapidement pour diminuer les volumes. Si on enlève déjà tout ce qui est valorisable, on peut imaginer que ça baisserait d’au moins 50% les volumes à enfouir", fait remarquer Alexandra Barret, responsable des matières valorisables.

M.G. avec Perrine Baglan et Annabelle Vilmont