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Société

Crédit revolving : la chasse est ouverte

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Parce que de plus en plus de Français sont endettés, le gouvernement lance une réforme du crédit à la consommation. Des mesures jugées frileuses par les associations.

Pour lutter contre l'endettement qui touche de plus en plus de Français, le gouvernement s'attaque au crédit à la consommation, responsable des deux tiers des quelques 700 000 Français endettés. Le projet de loi de Christine Lagarde, la ministre de l'Economie, est sur la table du Conseil des ministres ce mercredi 22 avril. Un texte qui prévoit notamment de responsabiliser les établissements financiers prêteurs, en les obligeant par exemple à s'assurer que l'emprunteur ne figure pas au fichier des incidents de paiements. Ce prêteur devra également mieux informer le client. Des clients qui souvent, aujourd'hui, ignorent qu'ils accèdent à un crédit renouvelable, dit « crédit revolving », en prenant une carte de fidélité.

Finie la publicité agressive ?

Mieux protéger les emprunteurs passe notamment par une meilleure information des consommateurs. Comme pour l'alcool, les publicités pour le crédit à la consommation vont donc être mieux encadrées. Devront obligatoirement y figurer : un message d'alerte - par exemple "un crédit vous engage et doit être remboursé" - ainsi que le taux d'intérêt du crédit (en aussi gros que le taux d'intérêt promotionnel). Et si de « crédit renouvelable » il s'agit, cela devra être écrit tel quel, et pas sous une autre appellation. En revanche, pas question de voir sur ces pubs des mentions suggérant qu'un crédit améliore la situation financière de l'emprunteur.

« J'ai souscrit 4 crédits revolving sans aucun contrôle »

Pire ennemi des associations de consommateurs : les crédits revolving. Ces crédits proposés par les grandes enseignes et qui vous offrent une réserve d'argent sans cesse renouvelable. Des crédits très faciles à décrocher. Céline Martelet, journaliste à RMC, en a fait l'expérience en prenant une identité fictive : celle d'une serveuse avec 1200 euros de salaire, 500 euros de loyer, 100 euros de crédit pour un scooter et un mari étudiant... Et malgré cette situation financière fragile, personne n'a tiqué : « Une enseigne ne m'a même pas demandé mon salaire, explique-t-elle, stupéfaite. Pour les autres, aucune fiche de paye. Dans un grand magasin, un vendeur m'a accompagnée, presque par la main, pour prendre une carte de paiement. Pas étonnant, au bout de 3 ouvertes, il repart avec une place de cinéma ! Résultat : en une journée, j'ai souscrit 4 cartes de paiement ouvrant la porte à du crédit revolving - 3 en magasin et une sur internet - et je pouvais donc dépenser près de 10 000 euros, sans aucun contrôle. » Comment arrêter ces cartes, maintenant ? Réponse d'une conseillère : "ne l'utilisez plus pendant 18 mois, elle sera désactivée". Sauf qu'évidemment, durant 18 mois, la tentation, elle, ne disparaît pas...

Une réforme trop légère, selon les associations

Côté associations de consommateurs, on est loin d'être satisfaits. Car pour Cédric Musso, directeur des relations institutionnelles à l'UFC Que Choisir, « le projet de loi ne s'attaque pas à la distribution irresponsable et effrénée de crédits revolving. Ce qu'il faut, c'est réellement instaurer une obligation de vérification de la solvabilité de l'emprunteur, par le biais de pièces justificatives. Et il faut que les conseillers portent un nom valable de conseiller, en vous proposant le crédit qui est adapté à votre situation financière et à votre projet. Pour y mettre un terme, il faut interdire le crédit revolving sur le lieu de vente, où il n'a pas sa place. Quand vous allez sur un lieu de vente, vous ne recherchez pas un crédit, une réserve d'argent à vie. Vous recherchez un financement pour acquérir un bien déterminé ; et cette définition correspond au crédit affecté. Et cessons aussi la liaison dangereuse carte de fidélité-crédit revolving, pour que les consommateurs ne s'en retrouvent pas équipés malgré eux. »

Le projet de loi serait examiné par le Sénat et l'Assemblée nationale avant l'été, puis à la rentrée parlementaire de septembre.

La rédaction, avec Céline Martelet