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Crèche Baby-Loup: après le débat sur la laïcité, les soucis financiers

La crèche Baby-Loup va-t-elle être dans l'obligation de mettre la clé sous la porte?

La crèche Baby-Loup va-t-elle être dans l'obligation de mettre la clé sous la porte? - Estelle Emonet - AFP

Etablissement emblématique du débat sur la laïcité après le licenciement, en 2008, d'une employée qui refusait d'enlever son voile pour travailler, la crèche Baby-Loup s'est vu accorder une subvention bien inférieure à ce qu'on lui avait promis. Son avenir est menacé.

La crèche Baby-Loup, devenue emblématique du débat sur la laïcité, pourrait devoir mettre la clé sous la porte: la nouvelle municipalité UMP de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) a décidé, ce lundi soir, de lui attribuer une subvention bien inférieure à celle promise par l'ancienne mairie de gauche.

Son combat judiciaire dans l'affaire du voile terminé, la crèche associative se débat désormais sur le front financier: alors que l'ancien maire PRG de Conflans-Sainte-Honorine Philippe Esnol lui avait promis une subvention de 400.000 euros, la nouvelle municipalité UMP ne lui a accordé que 90.000 euros au titre de l'année 2014 à l'issue d'un vote à une large majorité au conseil municipal. 

Pas suffisant pour survivre

"Entre 90.000 et 120.000 euros, ce ne sera pas possible de survivre (...) À moins de 300.000 euros de la part de la mairie, nous ne pourrons plus travailler", avait déclaré la directrice de l'établissement Natalia Baleato au Figaro.fr il y a quelques jours. Contactée, elle n'était pas joignable dans l'immédiat.

De son côté, le maire UMP Laurent Brosse nouvellement élu argue que l'engagement de son prédécesseur avait été "notifié par courrier simple sans aucune étude préalable" ni "chiffrage des services municipaux".

Le montant de la subvention de 90.000 euros a été fixé selon "la même règle de calcul que celle appliquée dans les structures municipales", soit un coût moyen de fonctionnement de 2,34 euros par heure et par enfant, a expliqué le maire, faisant valoir un "simple principe d'équité" et "une gestion saine des deniers publics".

Une estimation "un peu optimiste"

L'ancien maire a reconnu que son engagement reposait sur "une estimation un peu optimiste sans doute", calculée sur un chiffre maximum d'accueil.

Baby-Loup, subventionnée à 90% par des fonds publics, a fait parler d'elle dans le conflit qui l'opposait à une ex-salariée qu'elle avait licenciée fin 2008 parce qu'elle refusait d'enlever son voile islamique au travail à son retour de congé parental. 

Un feuilleton long de cinq ans

Après plus de cinq ans de feuilleton judiciaire et de débat entre partisans de la laïcité et de la liberté religieuse, la Cour de cassation a confirmé en juin le licenciement pour faute grave de Fatima Afif

Fondée en 1991 dans la ville pauvre de Chanteloup-les-Vignes, la crèche accueille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, des enfants de parents, souvent défavorisés, travaillant en horaires atypiques. 

Invoquant des "pressions", elle avait déménagé fin décembre 2013 pour rouvrir trois mois plus tard dans la commune voisine de Conflans-Sainte-Honorine.

Jé. M., avec AFP