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Coup de chaud sur le ticket de caisse

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Après les carburants, c'est au tour des pâtes, du beurre ou encore des cahiers d'écolier de subir la flambée des cours des matières premières. Revue des augmentations attendues dans les rayons des supermarchés.

Bientôt une baguette à un euro ? Il faut s'y préparer. En septembre, le prix moyen du pain préféré des Français va passer la barre des 90 centimes d'euro (contre 0,85 euro l'an dernier) et la hausse pourrait s'accélérer dans les mois à venir. Depuis un an, le prix du blé a quasiment doublé. « Il y a une tendance de fond liée à la demande croissante des pays émergents et à l'utilisation accrue des surfaces cultivables pour les agrocarburants, auquel s'ajoute le phénomène climatique aléatoire des intempéries de cet été », explique Charles Pernin, chargé de mission agriculture et alimentation à l'association de consommateurs CLCV.

Après la baguette, biscuits et viennoiseries risquent donc de suivre cette tendance. Tout comme les pâtes, qui sont constituées presque exclusivement de blé dur. Selon le Syndicat des industriels fabricants de pâtes alimentaires de France (Sifpaf), leur prix de vente pourrait ainsi augmenter de 10 %, soit environ 11 centimes de plus pour un paquet de spaghettis de 1,06 euro. Le blé est loin d'être le seul produit agricole touché.

Les principales augmentations attendues

Produits Prix actuels
(grande distribution) Augmentations observées
ou prévues 1 baguette de pain 0,85 € 5 à 8 %, soit 0,05 à 0,1 € 1 plaquette de beurre (250 g) 1,49 € 40 %, soit 0,60 € 1 pack de 6 litres de lait demi-écrémé 6,60 € 4 à 5 %, soit 0,26 € 12 yaourts nature 2,09 € 5 %, soit 0,10 € 1 paquet de spaghettis (500 g) 1,08 € 10 %, soit 0,11 € 4 tranches de jambon
de Paris 2,50 € 1,12 €/kg , soit 0,11 € 1 pack de 6 bouteilles
(33 cl) de bière 1,16 € 7 %, soit 0,23 € 3 côtes de porc (300 g) 4,82 € 0,59 €/kg , soit 0,18 € Total
1,6 €

Pâtes et bière à la hausse

Mauvais temps et mildiou pourraient faire monter le cours des pommes de terre de 15 % dans les prochaines semaines, tandis que le maïs connaît son plus haut niveau depuis dix ans. Le doublement du prix de l'orge risque aussi de donner un goût amer à votre bière ! L'Association des brasseurs de France envisage déjà une hausse de 7 % des prix pour compenser la hausse du coût de production. Votre pack de bière blonde vous coûtera alors 23 centimes de plus.

Rien de grave assurément. Mais le vrai risque est de voir ce type d'augmentations se multiplier rapidement. « Par un effet de substitution, la hausse d'une matière première a tendance à se répercuter en cascade sur le prix d'autres matières premières », note Charles Pernin. Les premiers effets collatéraux se font d'ailleurs déjà sentir dans l'élevage.

La viande dans la tourmente

Les animaux aussi se nourrissent de céréales ! En juillet, le prix de vente de la volaille Loué et Le Gaulois a augmenté de 4 % à 5 % pour compenser la flambée des prix des céréales, lesquelles représentent 60 % de leur prix de revient. L'interprofession nationale porcine Inaporc envisage aussi de répercuter la hausse de 48,7 % des aliments sur les prix de vente : plus 1,12 €/kg pour le jambon blanc supérieur et plus 0,59 €/kg pour les côtes de porc.

Dans le secteur du lait soumis aux quotas, cette hausse vient amplifier celle observée depuis un an : sous l'effet d'une demande mondiale croissante, l'augmentation pourrait encore atteindre « 5 % à 10 % au quatrième trimestre 2007 », selon la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL).

Les produits laitiers sous pression

Du coup, la filière prépare sa riposte. Début juillet, Olivier Picot, président d'Atla (Association de la transformation laitière) annonçait déjà une hausse moyenne de « 4 à 5 % des prix des produits de grande consommation comme les yaourts, les fromages, les crèmes et le lait d'ici à la fin de l'année ». A la fin du mois, le géant Danone a ouvert la marche avec une hausse de 2,5 % du prix de ses produits laitiers frais en France.

Le prix du beurre a, quant à lui, déjà augmenté de 40 % depuis le début de l'année. Pas étonnant dans ces conditions que les biscuits, galettes bretonnes « pur beurre » en tête, soient directement touchés ! Autre victime au rayon des douceurs : le chocolat. Avec une hausse de 25 % du cours du cacao ces douze derniers mois, votre tablette de chocolat au lait pourrait vite devenir un péché mignon inabordable...

Contre feu sur les fournitures scolaires

Les produits alimentaires ne sont pas les seules victimes des fluctuations boursières. A l'heure de la rentrée, le rayon des fournitures scolaires pâtit lui aussi de l'envolée des prix des matières premières... C'est de la pâte à papier et du pétrole qu'il s'agit cette fois-ci ! Selon l'étude comparative de l'association Familles de France, le prix de la papeterie a augmenté de 2,27 % par rapport à l'an passé.

Sous la pression des associations de consommateurs et du Gouvernement, les grandes enseignes ont finalement accepté de revoir leurs tarifs à la baisse. Depuis le 3 août, trente fournitures de base sont mises en vente à prix coûtant ou au tarif 2006. Mais les critiques continuent de pleuvoir.

Qui doit payer ?

« Selon les indices de l'Insee, les prix agricoles baissent depuis quarante ans, alors que les prix des produits alimentaires stagnent, ou ont augmenté de 15 à 20 % sur quinze ans. note Charles Pernin. Le problème est qu'on nous explique les hausses actuelles par les fluctuations des prix agricoles alors que, si on y regarde de plus près, ces matières premières ne représentent que 20 % du coût de production total. »

Dans ces conditions, la CLCV estime que la hausse de 30 % du prix du blé enregistrée en juillet devrait se traduire par une hausse de 1 centime du prix de la baguette et non de 5 centimes comme annoncé actuellement. D'autant que le consommateur n'a « statistiquement » aucune chance de profiter d'une réduction, le jour où les cours repartiront à la baisse.

Reste un espoir : pour mettre fin à cette anomalie, le secrétaire d'Etat chargé de la Consommation, Luc Chatel, vient de proposer une nouvelle réforme de la loi Galland sur les marges arrière (1) dans la grande distribution. Son objectif : une baisse de 3 % des prix « à partir du 15 février prochain ». Patience !

(1) Remises et autres réductions consenties aux distributeurs, en contrepartie notamment d'opérations promotionnelles en magasin, et qui ne sont pas directement considérées dans le calcul du prix.

(2) L'indice Clameur (Connaître les loyers et analyser les marchés sur les espaces urbains et ruraux), crée en 1999, par des professionnels de l'immobilier (Bouygues Immobilier, la Cnab, Foncia, la Foncière Logement, Unpi, etc.) permet de mesurer les loyers des marchés locatifs privés dans près de 650 villes, regroupements de communes et pays.

Claire Planchard