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Corse: occupation du tribunal administratif par des nationalistes

Le tribunal administratif de Bastia en Corse (illustration)

Le tribunal administratif de Bastia en Corse (illustration) - Google Maps

Après la décision d'interdire l'usage du corse à l'Assemblée de l'île, des nationalistes corses ont occupé le tribunal administratif de Bastia.

Une vingtaine de militants nationalistes ont envahi et occupé toute la journée de mercredi le tribunal administratif de Bastia pour protester contre une décision interdisant l'usage du corse à l'Assemblée de l'île.

"Ces personnes sont entrées par effraction dans le jardin du tribunal puis dans les locaux de la juridiction", a indiqué mercredi matin un représentant du tribunal administratif, confirmant une information initiale de Corse-Matin.

Arrivés vers 8h, les manifestants ont quitté les lieux "vers 20h30", a indiqué à l'AFP la préfecture de Haute-Corse après avoir reçu une délégation.

La revendication des manifestants, "Lingua corsa, lingua viva" (Langue corse, langue vivante, NDLR), était affichée au feutre noir sur une banderole accrochée à la grille extérieure du bâtiment.

Un communiqué en corse

Le mouvement de jeunesse Ghjuventu indipendentista (Jeunesse indépendantiste, NDLR) a diffusé sur son compte Instagram un long communiqué en langue corse sur cette question, accompagné d'une photo de neuf militants au balcon du tribunal administratif sur lequel ils ont fixé une autre banderole, "Lingua corsa, lingua nostra" (Langue corse, notre langue, NDLR).

Dans ce communiqué, qui fait apparaître les logos de six mouvements de jeunesse nationaliste, ils dénoncent la décision du tribunal administratif, rendue le 10 mars, établissant que l'usage de la langue corse dans les débats à l'Assemblée de Corse était contraire à la Constitution.

"Une fois de plus, l'État essaie de faire taire ceux qui veulent parler leur langue", écrivent-ils, avant de conclure: "Nous, jeunesse corse, nous serons toujours les gardiens de notre langue".

"Impensable"

Selon la décision du tribunal et consultée par l'AFP, "l'article 2 de la Constitution du 4 octobre 1958" prévoit "que l'usage du français s'impose aux personnes morales de droit public et aux personnes de droit privé dans l'exercice d'une mission de service public".

Selon le tribunal, "l'article 16 du règlement intérieur du conseil exécutif de Corse, ainsi que l'article 1er du règlement intérieur de l'Assemblée de Corse", en prévoyant "que le corse est au nombre des langues des débats", "méconnaissent les dispositions de l'article 2 de la Constitution".

Le tribunal validait ainsi les recours déposés le 15 juin 2022 et le 27 janvier 2023 par le préfet de Corse pour demander l'annulation des délibérations ayant validé les règlements intérieurs des deux instances régionales.

Cette décision avait suscité une vive opposition dans les rangs nationalistes.

"Accepter cette situation est pour nous impensable", avaient regretté vendredi dans un communiqué commun le président autonomiste du conseil exécutif, Gilles Simeoni, et la présidente autonomiste de l'Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, précisant avoir formé un appel contre ce jugement.

T.P. avec AFP