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Société

«Copwatch», le site anti-flics qui fait scandale

Le site Copwatch diffuse, notamment, des clichés de policiers en civils (photo floutée par RMC.fr).

Le site Copwatch diffuse, notamment, des clichés de policiers en civils (photo floutée par RMC.fr). - -

Plainte du ministre de l'Intérieur, colère des syndicats de policiers... Un site internet, «Copwatch», fait scandale. Il appelle les internautes à dénoncer les «violences» commises par les forces de l'ordre. Et livre publiquement en pâture des dizaines de photos de policiers en civils.

Le site se présente comme une communauté administrée « par un collectif de citoyens souhaitant lutter par la transparence et l'information contre les violences policières ». Mais pour la police, c'est un site anti-flics. Depuis décembre 2010, Copwatch (traduction de « surveillance de policier ») diffuse des articles, photos et vidéos dénonçant des violences commises par les forces de l'ordre.

«Vous aussi envoyez-nous vos photos de policiers en civils...»

Une récente vidéo de septembre 2011 montre par exemple plusieurs interventions policières mouvementées lors du départ de Paris de la Marche des Indignés. Un article daté d'avril 2011 évoque, lui, le « tabassage » d'un immigré en rétention à Vincennes, alors qu'il « tentait de s’interposer entre les flics et un retenu Tunisien ». Mais certaines publications dépassent le cadre de la simple dénonciation. Le site propose ainsi, sur l'une de ses pages, un appel aux internautes intitulé: « Vous aussi envoyez-nous vos photos de policiers en civils ». On voit ainsi des dizaines de portraits - parfois en haute définition - de fonctionnaires, prises lors de manifestations ou d'interventions sur la voie publique.

Alliance tire la sonnette d'alarme, Guéant porte plainte

Le deuxième syndicat de gardiens de la paix, Alliance, a saisi ce mercredi le ministère de l'Intérieur, accusant Copwatch de "dénonciations calomnieuses, propos haineux" et "fichage illégal". Et le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a déposé deux plaintes en diffamation contre ce site internet.
Inquiet face à « ce type de site contre des policiers », Nicolas Comte, secrétaire général unité SPG police, explique : « quand on les fiche, avec leur photo et leur adresse, on peut penser que demain n’importe quel déséquilibré ou anti-flic un peu violent voudra aller attenter à leur intégrité physique à leur domicile. Il y a 15 jours, un policier à Marseille a eu des coups de feu contre son domicile personnel. Et ce genre de site ne peut qu’alimenter cette violence ».
« S’ils veulent surveiller la police, pourquoi ne communiquent-ils pas ces éléments de preuve à la justice ? », ajoute Denis Jacob, secrétaire administratif général au syndicat Alliance.

Violences policières : des chiffres flous, des plaintes classées...

De leur côté, Amnesty International et la Ligue des Droits de l'Homme réclament plus de transparence sur les chiffres des violences policières, et signalent qu'elles n'ont pas réussi à obtenir des chiffres précis pour cette année. Sur 663 plaintes examinées par l'organe d'inspection de la police en 2005, seulement 16 ont conduit à la radiation des agents concernés. En 2006, seules 8 allégations de violence sur 639 ont abouti à une telle sanction. Et de très nombreuses plaintes déposées contre des agents des forces de l'ordre sont classées sans suite par le parquet avant même de parvenir au tribunal.