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Controverse sur des ventes de matériel au régime Ben Ali

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PARIS (Reuters) - La gauche française a reproché mercredi au gouvernement d'avoir approuvé fin 2010 la livraison de grenades lacrymogène au régime...

PARIS (Reuters) - La gauche française a reproché mercredi au gouvernement d'avoir approuvé fin 2010 la livraison de grenades lacrymogène au régime du président tunisien déchu Zine Ben Ali, qui réprimait alors des manifestations.

Le Premier ministre français, François Fillon, a dénoncé à l'Assemblée nationale des "accusations sans fondement" et assuré qu'aucune livraison n'avait abouti, car les envois avaient été bloqués par les douanes.

Les autorisations gouvernementales ne portaient pas sur les matériels finalement retenus en France, a-t-il ajouté.

Selon la direction générale des douanes françaises, sept tonnes de matériel de maintien de l'ordre, dont des grenades lacrymogène soufflantes et éclairantes, des lance-grenade, des boucliers, des tenues de protection et des matraques, ont été bloquée à l'aéroport parisien de Roissy le 14 janvier vers 19h30 (18h30 GMT), après le départ de Zine Ben Ali.

L'autorisation d'exporter avait bien été donnée au fournisseur français mais les douaniers souhaitaient, "dans le cadre de leurs prérogatives et compte tenu de la sensibilité de la destination et du matériel", vérifier les 40 palettes, a-t-on précisé à Reuters de même source.

ALLIOT-MARIE SE DÉFEND

L'inspection a cependant dû être reportée au lundi 17 au matin après que le fournisseur eut averti que la cargaison n'était pas complète, ajoute la direction générale des douanes.

"Nous n'avions pas reçu d'instruction particulière", précise-t-elle. "Si tout le matériel avait pu être présenté vendredi soir et s'il était conforme, il n'y avait pas de motif particulier de le bloquer."

C'est seulement lundi matin que le ministère des Affaires étrangères, averti entretemps, a suspendu l'autorisation d'exportation, bloquant de facto le matériel en douanes, ajoute-t-on de même source.

François Fillon a pour sa part accusé la gauche d'avoir accepté de livrer au ministère de l'Intérieur et à la présidence de Tunisie, quand elle était au pouvoir entre 1997 et 2002, des armes à feu, des grenades de divers types et des menottes.

Ceci discrédite selon lui tout reproche sur la période des manifestations de décembre et janvier. "Des accusations comme celles-là sont déshonorantes pour vous et ne servent pas la France", a dit le Premier ministre aux socialistes.

Le 11 janvier, lors des questions d'actualité à l'Assemblée, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, avait proposé à la Tunisie, où la répression des manifestations avaient déjà fait de nombreux morts, de bénéficier du "savoir-faire" de la France dans le maintien de l'ordre.

Ces déclarations avaient suscité de vives critiques de l'opposition de gauche, qui y voyaient le symbole du soutien de la France au régime de Zine Ben Ali.

Interrogée de nouveau par l'opposition sur le sujet mardi à l'Assemblée, la ministre a affirmé que la France n'avait jamais apporté sa coopération policière au régime du président tunisien déchu, sauf sur un plan institutionnel.

Thierry Lévêque, avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse