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Société

Cohn-Bendit : « Que la présidence française ait de l’imagination »

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Invité sur RMC, Daniel Cohn-Bendit a évoqué sa vision de l'Europe et ses attentes vis-à-vis de la présidence française.

Jean-Jacques Bourdin : Qu’attendez vous de la présidence française de l’Union Européenne ?
Daniel Cohn-Bendit : J’attends d’abord que la présidence française ait de l’imagination. Jamais le slogan de 68 « l’imagination au pouvoir » n’a été autant d’actualité et aussi nécessaire. Donc c’est d’amener, de prouver que l’Europe est nécessaire pour régler nos problèmes. On a l’impression que l’Europe est un peu simplement un surplus d’âmes mais ce n’est pas vrai. J’espère que la présidence française va mettre tous les problèmes sur la table, qu’elle initie les débats, qu’elle les récupère. Ça doit être un moment d’initiatives reprenant les idées des uns et des autres, mais prenant aussi les partenaires et les institutions européens devant leurs responsabilités.

J-J B : Mais quelles initiatives ?
D C-B : Elles ont été énumérées hier par le Président de la République. Il y a le problème du paquet climatique, le problème de la régulation de la mondialisation. Regardons par exemple l’immigration : si l’idée de Nicolas Sarkozy c’est faire une politique de l’immigration en Europe comme il le fait en France, d’abord ça ne va pas marcher et en plus c’est scandaleux. Aujourd’hui quand on parle de l’immigration l’on parle toujours de fermeture. L’Europe est une société ouverte, on a construit une maison, mais on a oublié une chose ce sont les portes ; quand on oublie les portes dans une maison, les gens rentrent par la fenêtre et il faut donc faire des portes en Europe, qui s’ouvrent et qui se ferment. On a l’impression que l’on construit des choses qui ne savent que se fermer. Tant que l’on n’aura pas une ouverture dans l’Europe, une possibilité d’entrer dans l’Europe on n’aura pas une politique de l’immigration juste, sociale humanitaire et nécessaire.

J-J B : Alors on rentre dans l’Europe, mais on y reste à quelles conditions ?
D C-B : Ça dépend. Aujourd’hui vous avez une Europe à 27 qui est telle qu’elle est définie. Tout le problème depuis le refus constitutionnel montre la contradiction dans laquelle nous sommes tous, dans laquelle sont les peuples et les sociétés, c’est-à-dire que l’on critique par exemple un fonctionnement opaque, non transparent donc adémocratique, des institutions européennes et dès qu’il y a un projet qui va dans la transformation vers plus de transparence et démocratie, des majorités refusent ce projet. Donc en fait, au nom de l’opacité, on vote toujours pour le maintien de l’opacité, et c’est la contradiction dans laquelle nous sommes.

La rédaction-Bourdin & Co