BFMTV
Société

Charlie Hebdo: le prof suspendu pour avoir montré des caricatures réagit

Le collège François Villon de Mulhouse où un professeur a été suspendu pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet

Le collège François Villon de Mulhouse où un professeur a été suspendu pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet - BFMTV

A Mulhouse, l'enseignant suspendu pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet a réagi vendredi lors d'une mise au point adressée au quotidien régional Dernières Nouvelles d'Alsace.

A Mulhouse, la suspension d'un professeur fait beaucoup parler. Le 8 janvier dernier, au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo, un professeur d'arts plastiques décide de montrer à ses élèves de quatrième des caricatures de Mahomet, notamment une, représentant le prophète nu. Dans la classe, des élèves de confession musulmane refusent de regarder la caricature. Un échange violent éclate alors entre les élèves et le professeur.

Le professeur évoque un respect des directives officielles

Interrogé par le rectorat, le professeur, qui souhaite garder son anonymat, reconnaît dans un premier temps que "la séance s'est mal passée" et ne conteste pas "les propos qui ont été remontés au niveau des élèves".

Ce vendredi, le professeur suspendu s'exprime dans une mise au point écrite remise aux Dernières Nouvelles d'Alsace. "La séance d'arts plastiques incriminée avait comme sujet la compréhension des événements, à travers l'étude d'images. Compte tenu des directives ministérielles, suite aux événements du 7 janvier 2015, je décide de prendre appui sur des dessins de presse, un texte, dont quelques caricatures pour mener à bien les directives officielles", écrit le professeur. "La plupart des élèves participent aux débats, en comprenant les principes de la liberté d’expression, d’opinion, et de laïcité. Cependant deux élèves manifestent durant le cours leur mécontentement et notamment le fait que je n’ai pas le droit de diffuser des images du prophète. Je leur rappelle les notions fondamentales de la République et le fait qu’à l’école les préceptes cultuels n’ont pas leur place, bien qu’évidemment je respecte l’ensemble des religions. Une discussion s’engage et à aucun moment le climat de la classe ne dérape", insiste l'enseignant dans sa mise au point.

"C'est moi le maître ici, tu peux sortir ta kalachnikov"

Cette version diverge de celle donnée par les élèves de quatrième. Selon les éléments recueillis par le rectorat, l'enseignant aurait forcé les élèves à regarder la caricature du prophète dessiné nu. "Un élève a dit 'Je n'ai pas envie d'assister à ce cours', le prof a dit 'Non tu ne peux pas sortir', après il a dit 'Tu prends ta kalachnikov, tire-moi, assassine-moi', et il nous a quand même obligés à regarder", explique Mélissa, élève de la classe de quatrième.

La majorité des élèves sont ensuite allés se plaindre auprès de la directrice d'établissement. Alerté sur cette affaire, le rectorat a décidé de suspendre l'enseignant en précisant toutefois que "la suspension valable pour quatre mois ne présume en rien de la gravité des faits" et "vise à protéger l'enseignant, les élèves, les parents le temps de mener l'enquête administrative".

Une affaire qui n'est désormais plus un cas isolé. A Bobigny, en Seine-Saint-Denis, une enseignante qui remettait en cause la réalité des attentats de Paris lors d'un débat avec ses élèves de bac pro a été suspendue jeudi.

Audrey Guiraud