BFMTV
Société

Ces millions de Français mal-logés

3,6 millions de Français sont SDF, vivent à l'hôtel, dans des habitations de fortune ou chez un membre de leur famille.

3,6 millions de Français sont SDF, vivent à l'hôtel, dans des habitations de fortune ou chez un membre de leur famille. - -

Chiffres à l’appui, la Fondation Abbé Pierre dénonce une politique du logement « inégalitaire » et insiste sur le surpeuplement dont souffrent plus de 3 millions de ménages en France. Reportage dans une de ces familles.

Plus de 10 millions de Français touchés par la crise du logement. Parmi eux, 3,6 millions sont SDF, vivent à l'hôtel, dans des habitations de fortune ou chez un membre de leur famille. C'est ce qu'on apprend ce mardi matin, grâce au rapport annuel sur le logement de la Fondation Abbé Pierre. Avec ce constat : ce sont les prix de l'immobilier qui empêchent l'accès au logement à de nombreux Français, et bien sûr la quantité de logements disponibles.
Cette année, pour cette 16e édition du rapport, la Fondation Abbé Pierre insiste sur le surpeuplement dont souffrent plus de 3 millions de ménages en France.

Les Djahoud vivent à 4 dans un studio de 22m²

Reportage dans une de ses familles : les Djahoud, qui habitent, à quatre, dans un studio de 22m², rue de Belleville, dans le 19e arrondissement parisien. Un immeuble des années 1970, où vivent Hacine, sa femme et leurs deux enfants, 19 et 13 ans. Ils dorment tous dans l'unique pièce de l'appartement. La table à manger prend un tiers de la pièce, le lit un autre tiers, et les derniers mètres carrés permettent à peine de se retourner.

« Je suis souvent dehors… »

Antoine, le plus jeune fils, ne vit pas bien cette situation : « On peut rien faire. Mon père choisit de regarder les infos, nous ça nous gêne. On fait de l’ordi, ça le dérange. C’est pas comme les autres ; pour les devoirs on a du mal, y’a du bruit… Je suis souvent dehors, je ne peux pas rester tout le temps à la maison, parce qu’on est trop… ».
Comme son grand frère, Antoine a du mal à mettre des mots sur leur situation, dont il a visiblement honte. Il n'a jamais reçu de copain chez lui. Son frère, qui est au lycée, s'est éclipsé pendant l'interview, il allait recevoir un ami, mais pas chez lui, plutôt dans le hall de l'immeuble.
Et quand on lui demande ce qu’il souhaiterait, Antoine répond sans hésitation : « Une chambre pour mes parents ».

18 ans de démarches pour sortir de cette précarité… Aucune réponse

Hacine a fait des démarches pour sortir de cette précarité : il a écrit des dizaines de lettres à la Mairie de Paris, à la préfecture et même au ministère du logement, et ce depuis 1992. Dix-huit ans sans aucune réponse, sans aucune proposition de logement. Ce qu’il demande ? « Un 2 ou 3 pièces, dans le 19e si possible. Pas en banlieue, parce que la banlieue c’est mal vu, surtout pour les enfants. »
Car à 64 ans, ce père de famille est surtout triste pour ses enfants. Ce studio de 22 m² n'est pas seulement compliqué d'un point de vue pratique, il l’est aussi moralement, pour toute la famille. Alors, pour éviter les brimades, Hacine est obligé de quitter les lieux. Il sort de chez lui pendant une heure, matin et soir, pour laisser un peu d'intimité à ses enfants.

La Rédaction, avec Thomas Chupin