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Société

Ces entreprises qui abusent des stagiaires

En France, il y a 1,5 million de stagiaires.

En France, il y a 1,5 million de stagiaires. - -

« Payé la moitié du seuil minimum de pauvreté, pendant 2 ans ». En colère, le collectif Génération précaire dénonce les entreprises qui utilisent trop souvent des stagiaires pour occuper à moindre coût de vrais emplois. Malgré une loi claire, les abus sont nombreux, les contrôles de l'Inspection du travail sur place, étant rares…

Coup de colère du collectif Génération précaire : il dénonce l'attitude de certaines entreprises qui emploient trop souvent et en trop grand nombre des stagiaires [ils sont 1,5 million en France], pour occuper à moindre coût de vrais postes.
Pourtant, la législation est claire. « Une convention de stage ne peut être conclue pour exécuter une tâche régulière correspondant à un poste de travail permanent », précise un décret d’application d’une loi de 2006 pour l’égalité des chances.
Mais en réalité, il n'y a pas assez de contrôles de la part de l'inspection du travail. Laurent Wauquiez, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, promet de les renforcer.

« Un tiers de stagiaires à la Société Générale ! »

Pour Ophélie Latil, porte-parole de Génération précaire, « le problème c’est qu’aujourd’hui certaines entreprises, comme la Société Générale, sont composées pour un tiers par des stagiaires. D’autres, comme la Fnac, ont même réussi à juguler le problème de la crise en remplaçant l’embauche de CDD au moment des Fêtes, par des stagiaires. Et jamais personne ne va sur place, ni l’Urssaf, ni l’Inspection du travail, pour constater ce qui se passe ».

« Recherche stagiaire trilingue pour 2 ans… »

« Un abus c’est quand un stage est un vrai emploi, qui demande des compétences importantes ou qu’il remplace un salarié qui pourrait prétendre à un vrai salaire, cotiser à son chômage, à sa retraite et payer son loyer », explique Ophélie Latil, avant de citer cet exemple, probant : « On a épinglé PlaNet Finance, la société de Jacques Attali qui recherche un stagiaire trilingue pour un stage de 2 ans ; ce qui est très long, surtout quand on est payé 400 euros par mois, soit 2 fois moins que le seuil minimum de pauvreté ».

« Un stage de plus de 3 mois devrait être transformé en contrat »

Des abus et des chiffres que la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), ne nie pas, son président, Jean-François Roubaud, montrant du doigt les « grandes entreprises » : « Ça m’ennuie un peu de le dire mais c’est vrai que dans les grandes entreprises il y a effectivement de l’abus sur les stages, qui durent parfois plus d’un ou deux ans. C’est totalement inacceptable, c’est un abus qu’il faut condamner. Un stage de plus de 3 mois devrait être transformé en contrat à durée déterminée ou indéterminée. Si les jeunes le savent, ils seront suffisamment grands pour dire : ça fait 3 mois, maintenant c’est un contrat ! ».

La Rédaction, avec Christophe Bordet